Présenté en compétition au dernier festival de Deauville, Katie Says Goodbye s’attaque à un thème déjà vu et revu (bonjour l’Amérique en perdition et le dépérissement de l’american dream) mais Wayne Roberts n’hésite pas à prendre tout ça en main pour nous sortir un drame séditieux, complexe aux personnages plus intéressants les uns que les autres et une actrice principale, Olivia Cooke, qui crève l’écran et qui s’impose comme l’actrice à suivre.
Katie n’a pas la vie facile. Sa mère n’a plus de travail et passe ses journées une bière à la main devant la télé et de temps en temps couche avec le mari de la voisine. Son père est parti il y a bien longtemps et c’est sur ses frêles épaules que tout repose. Mais secrètement Katie économise pour refaire sa vie à San Francisco jusqu’au moment où elle rencontrera Bruno, le nouveau mécanicien de la ville et qui sera loin de la laisser indifférente.
Ok Katie tu es si complexe
Le travail d’écriture du personnage de Katie est exceptionnel et terriblement complexe. A la fois adulte et enfant, Katie se prostitue pour gagner l’argent qu’elle mettra de côté, connait tout du sexe sans forcément connaître l’amour et a un petit côté naïf rapidement contrebalancé par une résistance à toute épreuve. A contrario Bruno, interprété par Christopher Abbott (qu’on retrouve aussi dans Sweet Virignia qui était également en compétition à Deauville), est un personnage plus renfermé dont le seul but est d’éviter les problèmes avec la justice et dont on soupçonne un sacré passif . Deux personnages aux antipodes et qui pourtant se complètent parfaitement entre la fragilité d’une Oliva Cooke au visage juvénile et un Christopher Abbott métamorphosé pour l’occasion – l’acteur a pris plusieurs kilos pour obtenir cette carrure impressionnante -.
Le côté candide du film est attendrissant de part ce personnage si jeune et si naïf qui veut croire aux coups de foudre, aux gens biens et que la vie est belle malgré tout. Une idée rapidement contrebalancée par la violence et la dureté de ces scènes de sexe où Katie n’est qu’un simple objet. Héroïne des temps modernes obligée de se battre contre un monde qui lui mène la vie dure, le film rayonne malgré tout de lumière et d’espoir face à cet enfer désertique.
Katie Says Goodbye est un merveilleux voyage initiatique pour son personnage principal, porté par la lumineuse Olivia Cooke également à l’affiche de Ready Player One et un premier long-métrage incroyablement touchant et intimiste qui marque le début d’un triptyque dont le second Richard Says Goodbye sera porté par Johnny Depp – rien que ça -.
Katie Says Goodbye de Wayne Robert, Etats-Unis, 2016, 1h28
Sortie le 18 avril 2018
[…] 2017, nous avions eu un énorme coup de cœur pour le premier film de Wayne Robert : Katie Says Goodbye. Au cours de la conférence de presse, le réalisateur nous annonçait une bonne nouvelle : le film […]