Dans un petit village de Pyrénées, Teddy vit simplement avec son oncle adoptif. À 19 ans, le garçon est chômeur et apprécie peu les gens qui habitent dans le même patelin que lui. Il partage son temps entre son petit boulot d’intérim dans un salon de massage et sa petite-amie Rebecca sur le point de passer son bac. Une rumeur court dans les champs comme quoi une bête s’attaquerait aux hommes et aux animaux, en témoignent les nombreux cadavres qui jonchent le village jour après jour. Alors quand Teddy se fait mystérieusement mordre dans la forêt, on réalise que voir la bête initiale ne va pas être l’intérêt du récit. Simple histoire de loup-garou ? Pas que.
Insuffler le film de genre – surtout de loup-garou – au beau milieu de la cambrousse française, il n’y avait que les frères Boukherma pour se lancer ce défi. Et on peut dire qu’il est relevé haut la main. On retrouve dans Teddy ce qui faisait déjà le charme de leur premier long-métrage Willy 1er (qui fait d’ailleurs un tout mini cameo pour les plus attentifs) avec des personnages très simplets mais terriblement touchants dans leur naïveté et leur bêtise, que ce soit Teddy, son oncle barjo ou sa patronne qui a des vues sur lui. Du beau monde qui va se retrouver bien emmerdé quand le danger d’un loup-garou va rôder. Dans une atmosphère qui oscille entre absurde et angoisse, on suit Teddy et sa lente transformation qui coïncide avec un moment charnier dans sa vie. Teddy n’a rien, est un paria dans son village et rêve de construire sa propre maison dans laquelle il pourra s’installer avec Rebecca. Un besoin de changement mais aussi une phase de puberté (certains symptômes de la transformation en loup-garou peuvent s’y assimiler) qu’il n’arrive pas à gérer jusqu’au fameux point de rupture. Une dissidence qui va l’entraîner dans une spirale folle jusqu’à un final prenant, sanglant et terriblement efficace.

Avec une certaine économie de moyens, Teddy insuffle son petit côté horrifique par la suggestion certes, mais également une bonne dose de scènes gores à souhait qui ne lésinent pas sur l’hémoglobine quand il faut. Juste assez pour qu’on soit convaincus et qu’on en redemande encore. Un excellent équilibre des genres qui réussit en un quart de seconde à passer de la chair de poule à l’hilarité par des dialogues et des situations bien senties. Oui, Teddy est une vraie petite prouesse. Une prouesse aussi possible grâce à Anthony Bajon qui nous surprend. Lui qui a brillé dans La Prière et plus récemment Au nom de la terre nous prouve qu’il est capable de tout. Drôle, attachant et mélancolique malgré sa condition de loup-garou, sa sensibilité et sa solitude mises à rude épreuve nous font compatir au garçon d’autant plus lorsque que le final vient rompre avec le reste du film.
Nous avions de grandes attentes pour Teddy et autant dire qu’elles ont été tenues à la lettre par les frères Boukherma qui, en seulement deux films, nous démontrent déjà l’étendue de leur talent et leur univers bien singulier. Teddy ne sort en salles que le 13 janvier prochain et pourtant on meurt déjà d’envie de le revoir.
Les mots de Thierry : Incroyable qu’un film qui hurle ses références avec autant d’évidence, de l’exploration de la transformation des corps propre à David Cronenberg à la vengeance adolescente de Carrie Au Bal Du Diable, parvienne à insuffler une telle personnalité à ses ambiances qu’elles ne nous apparaissent que comme des clins d’œils bienvenus. Preuve encore que le cinéma de genre regorge de talents en France, et que ces derniers contournent les manques de budget productifs par des astuces qui s’intègrent parfaitement à la diégèse du film. Le cinéma de genre subsistera, envers et contre tous !
Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma. Avec Anthony Bajon, Ludovic Torrent, Christine Gautier… 1h28
Sortie le 13 janvier 2021
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