Les salles de cinéma ne sont toujours pas ouvertes (c’est plutôt mal barré pour la suite de l’année) mais on va pouvoir commencer cette année par une sacrée claque. Après avoir fait grand bruit au Festival de Cannes en 2017, Kornél Mundruczó revient avec un drame poignant sur le deuil.
Martha et Sean forment un couple heureux qui prépare avec impatience l’arrivée de leur premier enfant. L’accouchement ne se déroule pas comme prévu et le couple doit faire face à la mort tragique de leur nouveau-né. Martha se lance dans une épopée d’un an. 365 jours où la jeune femme va se retrouver seule alors qu’elle est en plein deuil, que son couple est en train de se déchirer et que sa mère dominatrice n’est jamais bien loin. Pour couronner le tout, l’ombre d’un procès à venir plane sur la tête de Martha, celui de la sage-femme inculpée. C’est un long chemin vers le deuil et l’acceptation qu’elle va devoir mener pour trouver la paix.

À l’origine de ce projet, un drame personnel qui a touché le réalisateur et sa femme scénariste (qui avait également travaillé sur La Lune de Jupiter et White God). D’abord devenue pièce de théâtre en 2018, l’envie d’en faire un long-métrage n’a jamais quitté l’esprit du couple. C’est ainsi qu’ils ont développé leur pièce pour narrer plus en détail la vie d’un couple mais surtout la vie de Martha après cette perte.
Comment survivre après un tel événement, telle est la question qui est posée tout au long du film. Il existe mille et une manière de faire un deuil et c’est quelque chose qui est propre à chacun, qu’il faut apprivoiser, comprendre et s’approprier. Chose impossible à faire pour Martha qui se retrouve constamment tiraillée entre un compagnon qui voudrait retrouver une vie de couple (et sexuelle) normale quitte à la forcer, une mère qui veut obtenir justice et tout un cosmos d’individus qui ont leur avis sur tout alors qu’ils n’ont jamais vécu cette douleur. Tandis que Martha essaie de faire son petit chemin en condamnant presque la chambre de leur enfant, en s’intéressant à la germination, en voulant donner le corps de son nouveau-né à la science, ses proches deviennent vite des obstacles au lieu d’être des alliés. Plusieurs formes de deuil se dessinent : chacun a été touché par cette perte ; tous veulent avancer sans être capable de se comprendre mutuellement.

Un sujet si fort ne pouvait être servi que par une interprétation impeccable. Alors que la carrière sur grand écran de Vanessa Kirby s’est longtemps résumée aux seconds rôles (Fast & Furious, Mission : Impossible, Il Était Temps), l’actrice trouve ici la partition parfaite pour développer une palette d’émotions qui nous touche en plein cœur. Il faut dire aussi que la caméra bouffe du regard l’actrice aux traits fragiles, de quoi nous offrir de très beaux plans où rien n’est dit mais où tout se ressent. Cette prestation impériale et impeccable pourrait bien lui offrir un ticket pour les Oscars (on espère en tout cas). Comment ne pas évoquer non plus Molly Parker qui nous offre un rôle aussi irritant qu’il est touchant dans sa détresse ? En ce qui concerne Shia Labeouf, on se contentera de dire qu’il aura eu un rôle plus vrai que nature (pour ceux qui auraient suivi les dernières nouvelles à son sujet).
Première grosse claque de cette année 2021, Pieces Of A Woman permet à Vanessa Kirby de briller et offre un portrait de femme en deuil vibrant et universel. Un cri pour la vie, un rayon de soleil qui tente pendant près de deux heures de transpercer les nuages sombres de la tristesse.
Pieces Of A Woman de Kornél Mundruczó. Avec Vanessa Kirby, Shia Labeouf, Molly Parker… 2h06
Disponible sur Netflix
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