Selon lui-même, Mathieu Amalric est devenu “acteur par accident”. Il signe son huitième long-métrage, Serre-Moi Fort, qui aurait dû être présenté à Cannes en 2020 mais finit dans la sélection Cannes Première qui permet de présenter en avant-première des films importants mais qui ne rentrent pas dans les autres catégories.
Difficile et peut-être criminel que de résumer le film. On dira simplement ceci : tout commence quand Camille (Vicky Krieps) quitte son foyer avec sa voiture, laissant derrière elle ses enfants et son mari. On ne comprend pas de suite pourquoi, mais c’est inattendu et quelque chose ne va pas.
De là, le film trouble le spectateur. On suit tout autant le trajet du personnage de Vicky Krieps que la vie du reste de la famille, restée à la maison. Tout se passe comme si elle n’avait jamais existé et que la vie continuait. Les enfants grandissent, sans leur maman. On suit particulièrement sa fille, douée pour le piano, qui cherche à devenir toujours meilleure. Mais quelque chose ne va pas…
Serre-Moi Fort demeure un film cryptique jusqu’au bout. Il faut le voir en entier pour enfin disposer de toutes les pièces du puzzle, et les remettre dans l’ordre pour reformer l’œuvre dans sa totalité. Et en soi, c’est tout ce qui en fait son originalité, et sa pertinence. Sa forme vient sublimer le fond. Se perdre dans le film, c’est se perdre dans les méandres de l’esprit du personnage de Vicky Krieps : quelque chose ne va pas, mais on ne sait pas encore quoi. Et on ne peut en dire bien plus…

Serre-Moi Fort est un film dans lequel il faut aimer se perdre pour être cueilli par l’émotion, et Vicky Krieps y est pour beaucoup. Mathieu Amalric dévoile toute sa sensibilité, avec un sujet grave traité de manière sincère et originale. Serre-Moi Fort, c’est tendre et douloureux, mystérieux et chaleureux.
Serre-Moi Fort de Mathieu Amalric. Avec Vicky Kreps, Arieh Worthalter… 1h37.
Sortie en salle le 8 septembre 2021.
Présenté dans la sélection Cannes Première du Festival de Cannes 2021.