Le mythe du loup-garou fait partie de ceux qui se perpétuent à travers les générations, permettant de mieux aborder l’animosité de l’homme pour en faire sortir sa bestialité étouffée, comme dans Le loup-garou de George Waggner ou encore l’injustement décrié Wolfman de Joe Johnston. Cette transmission de la figure a donc su se reposer sur des titres de qualité, à l’instar du cultissime film de John Landis, Le loup-garou de Londres , disponible depuis le 24 août chez l’Atelier d’images dans de nouvelles éditions pour ses 40 ans. Cet anniversaire, loin de se remarquer nécessairement, appuie la réputation d’un long-métrage marqué par une noirceur permanente malgré ses traits humoristiques.
En effet, le film de John Landis est marqué par son traitement sombre et désespéré à peine relevé par son humour, de plus en plus macabre durant l’avancée du récit. L’insouciance du début ne fait que mettre en exergue la malédiction de la lycanthropie avec un désespoir plutôt flagrant par la conclusion funeste qui s’annonce lourdement. Néanmoins, le long-métrage parvient à tenir cet équilibre tonal de manière remarquable, telle une tragicomédie qui ne traite jamais sa fatalité ou son aspect fantastique par-dessus la jambe.

Concernant ce dernier point, il est évident qu’on ne parlera jamais assez de cette séquence de transformation qui a permis au film de gagner ses jalons d’œuvre culte. Défi technique éblouissant pour l’époque, cette séquence se révèle toujours aussi forte symboliquement que superbe par son ancrage historique. Répondant à une scène similaire de Hurlements, tout aussi réussie mais tournée de nuit pour plus de facilité logistique, cette transformation se fait douloureuse par la manière subite dont elle arrive, sa longueur et la douleur physique appuyée par les effets spéciaux et le montage. Elle reste donc un modèle dans le domaine, indépassée et peut-être même indépassable au vu de tout ce qu’elle véhicule.
Il faut donc admettre que le film tient toujours ses promesses par sa manière de traiter son récit, entre une forme de vulgarité et de caustique qui fait ressortir sa nature plutôt unique tout en appuyant les codes et attentes du sous-genre lycanthropique. La mise en scène de John Landis sait aussi bien chorégraphier l’horreur de l’attaque ou de la transformation que la croyance d’immortalité et d’insouciance que l’on peut ressentir par moments. Le fatalisme qui poind au fur et à mesure de ces apparitions fantomatiques ne fait que rajouter au mal-être prodigué par la narration et à un traitement qui nous renvoie à nos propres démons ainsi qu’à notre fin, qui ne peut être que pathétique par l’ironie même de nos existences. Il vaut donc mieux le (re)voir dans une bonne période morale pour ne pas se noyer dans le nihilisme de son propos.

Heureusement, les multiples éditions pour cette sortie devraient mettre du baume au cœur de toute personne aimant le cinéma fantastique. Ainsi, le disque envoyé par L’Atelier d’images parvient à souligner l’aspect intemporel du récit par le biais d’une restauration de qualité et d’un nombre conséquent de suppléments, en particulier dans sa version prestige disponible en 1981 exemplaires. Les éditions 4K Ultra HD et double Blu-Ray collector ont néanmoins de quoi faire valoir par leurs bonus et leur aspect visuel marqué.
Monument ironique du cinéma fantastique des années 80, Le loup-garou de Londres conserve son pessimisme, sa verve sarcastique et sa détresse émotionnelle 40 ans après sa sortie. La détresse du long-métrage parvient à marquer avec toujours autant d’éclat dans un film qui mérite sa reconnaissance par ce qu’il a apporté au sous-genre du loup-garou. Il ne nous reste plus qu’à craindre à nouveau les promenades nocturnes au clair de lune…
Le loup-garou de Londres de John Landis. Avec David Naughton, Griffin Dunne, Jenny Agutter … 1h37.
Sorti le 4 novembre 1981