Chaque jour qui passe est une excellente occasion de remarquer à quel point le système financier aime à se repaître des personnes défavorisées, en minorité ou souffrant de maux. C’est également une manière de pouvoir constater sa confiance en l’être humain et d’espérer que cette foi ne diminue pas. Malheureusement, il existe de ces films qui poussent à une misanthropie générale au vu des bassesses auxquelles certaines personnes peuvent s’adonner pour mieux gagner de l’argent sur le dos des autres, et Toxic Cash rentre définitivement dans cette catégorie.
Partant d’un business frauduleux autour de la toxicomanie, le film de John Swab repose sur un réalisme quasi documentaire, alternant entre images proches de la réalité et un ton acide que l’on sent fortement inspiré par Adam McKay ou Guy Ritchie. Cette approche peut ainsi déstabiliser, à l’instar de l’affiche mettant en avant Frank Grillo alors que tout le rapport émotionnel du long-métrage s’établit avec Utah, incarné par Jack Kilmer. Ce dernier constitue notre rapport d’abord innocent puis curieux dans cet univers où la rentabilité n’est pas loin, American Dream oblige. On sent que John Swab a insufflé dans le récit une part de véracité assez intime qui rend notre relation avec le protagoniste principal plus forte encore.

Le film ne s’épargne aucune facilité, s’entamant dans la facticité commerciale de certaines institutions qui n’ont aucun intérêt à s’occuper de personnes ayant touché aux drogues. Il en sort une froideur proche du clinique qui rebute, s’obligeant par le récit à ne pas prendre de gants pour mieux donner conscience de la réalité des faits. C’est une attaque virulente qui se dessine, pas seulement contre ces arnaques mais contre toute une commercialisation d’un système qui évacue l’humain·e pour mieux mettre en avant la rentabilité. En ce sens, les courtes apparitions de Frank Grillo parviennent à appuyer ce propos de poudre aux yeux, où le soin promis n’est qu’une astuce pour mieux exploiter de nouvelles victimes ou même certain·es habitué·es encore et encore.
Il faut reconnaître un certain mordant à priori discret mais tenace en fond dans le propos de John Swab. Cherchant plus à mettre en avant son sujet qu’à l’esthétiser, sans doute afin d’éviter l’iconisation facile, Toxic Cash s’oriente vers le réalisme acerbe jusqu’à un final qui parvient à conférer une dernière fois la violence de son sujet, se permettant même une ultime réplique en humour noir qui ne nous laisse définitivement aucun répit. Cela explique peut-être son passage quasiment inaperçu en VOD alors même que l’on y retrouve les ingrédients du film indépendant proche du documentaire et au potentiel de succès fort malgré le peu de publicité entourant son sujet.

Sortant en VOD chez l’Atelier d’images, Toxic Cash ne met pas de gant pour frapper le plus fort possible sur son sujet brûlant ne faisant que nous rappeler la violence sociale à laquelle certains peuvent opérer par profit. Si la claque n’est pas éclatante, elle nous laisse une trace rouge sur la joue, celle d’une honte pas seulement américaine mais universelle par la misanthropie qu’elle peut créer.
Toxic Cash de John Swab Avec Jack Kilmer, Frank Grillo, Michael K. Williams,… 1h51.
Sorti le 7 septembre 2021 en VOD.