On aime les films qui ont cette folie de vouloir embrasser plusieurs genres à la fois, qui ont ce désir profond de faire exister des obsessions terriblement modernes. My Zoé de Julie Delpy veut, mais n’y arrive pas. Avertissement, l’article ci-dessous fera état de l’ensemble du film donc de possibles divulgâcheurs risquent de pointer le bout de leurs nez. Alors qu’Isabelle, une généticienne, essaie de reprendre sa vie en main, son ex-mari James fait tout pour obtenir la garde de leur fille. Une tragédie frappe cette famille qui se retrouve brisée.
Principalement connu pour avoir joué dans le Hobbit, Richard Armitage fait l’effet d’une pizza surgelée que l’on dévore à 5 heures du matin après avoir fait la fête toute la nuit. On est enthousiasmé par sa présence, mais on sait que c’est faute de mieux. Richard n’est pas aidé, tant son personnage mal écrit participe à une interprétation de funambuliste alcoolisé. Isabelle, interprétée par Julie Delpy, est passée à autre chose, et souhaite aller de l’avant avec sa fille et son nouvel amoureux, car elle a vécu un mariage peu ragoutant avec son ex-mari toxique. My Zoé essaie tant bien que mal de développer un personnage qui a pour unique fonction de s’opposer donc in extenso de nuire à tout ce qu’entreprend Isabelle. Dans l’optique de ne pas savoir comment faire évoluer un récit, on participe tout juste à des conflits de couple au rabais à peine mieux écrit qu’un scripted reality.
Ce couple d’acteurs sont habituellement de bons interprêtes, mais il est désolant de voir à quel point leurs dialogues les desservent. C’est dans leur grande dispute à l’hopital, quand la petite Zoé est sur le point de mourir, qu’on saisit le manque de grâce que possède le film dans son ensemble. C’est à travers la démesure des dialogues, l’arrogante envie de vouloir à tout prix retrouver les spectateurs en larme. Car c’est le cas, on y cherche vulgairement un pathos qui fini par nous ennuyer. Il n’est pas question d’accuser sa réalisatrice de malhonnêté, mais il est probable que c’est un sujet qui l’obsède au point de manquer de distance et donc d’une justesse qui aurait été ici appréciable.

Quand Isabelle décide de cloner sa fille morte, le film change drastiquement pour raconter le combat illégal en Russie d’une mère désemparée. C’est en compagnie de Daniel Brühl et Gemma Arterton que le personnage de Julie Delpy tente de mettre au monde le clone de sa fille. Ces acteurs habituellement merveilleux, sont tristement ternes. Les questions posées sont passionnantes de par leur actualité, de par un questionnement qui ne fait que présager un futur proche. Pour tout cela, pour avoir essayé de mettre en image un dilemme moral, le film garde un intérêt, même minime. Car si on essaie de trouver dans ce film un intérêt esthétique ou de la mise en scène, on est clairement au mauvais endroit. Il est difficile d’écrire, de réaliser et de jouer le rôle principal d’un film, car très vite on peut y perdre le sens de la mesure. Isabelle à nouveau enceinte, qui s’arrête devant une devanture pour essayer de se voir avec son ventre rond nous rappelle la subtilité des court-métrages d’élèves de première année de cinéma. Le prétendu suspense, quand à l’aéroport le personnage de Daniel Brühl accepte au dernier moment de l’aider à cloner son enfant, a le goût du nanar bien fait.
Grande déception pour My Zoé de Julie Delpy qui avait des questionnements légitimes et passionnants, cependant rien n’a été fait pour rendre le tout digeste. Basculer de la chronique réaliste ronflante au récit S-F plaît sur le papier, mais ne suffit pas pour donner du cachet au film.
My Zoé de Julie Delpy. Avec Julie Delpy, Richard Armitage, Daniel Brühl, Gemma Arterton… 1h42 Actuellement au cinéma