Après s’être baladé dans l’espace avec les personnages les plus iconiques de la pop culture, Rian Johnson revient en cette fin d’année dans un film aux antipodes de ce qu’il a fait il y a deux ans. Une maison, une famille, un meurtre, un enquêteur. Mais qui a bien pu tuer le patriarche Thrombey ? Un autre genre, d’autres objectifs mais un casting toujours aussi royal nous attend dans À Couteaux Tirés.
Le célèbre auteur de polar Harlan Thrombey est retrouvé mort dans son manoir le soir de ses 85 ans. Un apparent suicide qui est loin de convaincre le détective Benoît Blanc qui décide de mener son enquête. Ce dont il n’est pas encore au courant, c’est la singularité de la famille Thrombey. Entre la belle-fille healthy zen, la petite-fille activiste, le petit-fils pourri gâté ou encore le fils qui a une maîtresse, tout ce beau monde cache bien des secrets inavouables et ce qui semblait être un suicide n’en est peut-être pas un au final.
Le “Whodunit Movie” (comprenez “Qui l’a fait ?”) est un genre répandu et largement apprécié au cinéma. Les premières références qui nous viennent à l’esprit sont forcément des auteurs comme Agatha Christie dont Rian Johnson affectionne particulièrement le style et dont il n’en cache pas l’inspiration pour son film. À Couteaux Tirés reprend donc la structure classique du “Whodunit” tout en déstabilisant assez rapidement le spectateur. En effet, le nœud de l’intrigue nous est rapidement donné dans le film. De quoi surprendre au premier abord, pour une révélation qui permet au film de prendre un cheminement différent, nous menant alors par le bout du nez.

Des personnages savoureux
À Couteaux Tirés puise avant tout sa force dans son casting. Malgré une galerie de personnages assez imposante qui aurait pu nous faire craindre certains personnages moins développés que d’autres, Rian Johnson réussit à imposer chacun d’eux à l’écran grâce à leurs traits de caractère, plus exubérants les uns que les autres. Certains personnages tirent leur épingle du jeu. On pense notamment à Marta Cabrera, infirmière d’Harlan qui va se retrouver malgré elle au cœur du conflit, Linda Drysdale la fille à qui tout réussit, son fils Ransom qui a gardé sa petite cuillère en argent depuis sa naissance et tout particulièrement le détective Benoît Blanc, mystérieux détective silencieux mais observateur. Des forces opposées qui n’en ont qu’après l’héritage et qui n’hésitent pas à se tirer dans les pattes pour y arriver. Et même les personnages les plus secondaires (la grand-mère, le petit-fils Jacob qualifié de nazi par les autres) ont leur importance et leurs quelques interventions sont délicieuses d’humour.
Niveau casting, À Couteaux Tirés n’a rien à envier. Des valeurs sûres comme Christopher Plummer, Jamie Lee Curtis ou encore Daniel Craig dont on sent qu’ils ont pris un malin plaisir à jouer, mais également un duo Chris Evans/Ana de Armas qui fait des merveilles. Entre un Captain America aux antipodes de son dernier rôle et l’une des plus belles révélations de ces dernières années (on n’oublie toujours pas son rôle dans Blade Runner 2049), il y a de quoi se régaler. Une immense cour de récré emplie de chamailleries dans laquelle on plonge et se délecte.

À Couteaux Tirés ne renouvelle cependant en rien le genre. La structure classique ponctuée d’humour grinçant et d’une pointe de mystère fonctionne sans forcément nous surprendre. Là où Rian Johnson réussit avant tout son pari c’est de prendre un genre codifié et plutôt ancien pour l’ancrer dans une société moderne qui tourne à Google, Twitter, Instagram & cie. Plusieurs états d’esprits et plusieurs générations s’affrontent dans ce film où c’est peut-être la simplicité qui remporte la bataille.
À Couteaux Tirés de Rian Johnson. Avec Daniel Craig, Ana de Armas, Chris Evans… 2h11. Sortie le 27 novembre
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