Si l’histoire du dernier film de Joel Egerton est extrêmement violente dans son sens, elle n’est finalement pas du tout étonnante lorsqu’on connait son contexte.
Dur et introspectif, “Boy Erased” suit l’histoire émouvante de Jared Eamons (solidement interprété par Lucas Hedges) vers l’acceptation de soi. Le contexte est d’autant plus particulier car Jared est un jeune homme dans l’Amérique puritaine de 2003. Il vit donc dans une sphère principalement portée par la religion puisque son père s’avère être le pasteur de sa paroisse. Jared à une petite amie, joue dans l’équipe de basket-ball de son lycée et va bientôt partir pour la fac. Seul problème, Jared est gay. Il est donc forcé par cette sphère religieuse familial vers les thérapies de conversion.
Basé sur Boy Erased : A Memoir of Identity, Faith, and Family, les mémoires de Garrard Conley, le film sélectionné au TIFF (Toronto International Film Festival) n’a pas reçu un accueil particulièrement chaleureux du public, cela malgré son casting interessant (Nicole Kidman, Xavier Dolan, Russell Crowe), “Boy Erased” réussit l’exploit de nous faire ressentir malgré sa dureté un certain espoir et une amertume grâce au jeu des acteurs.
Le film présente cependant de nombreux défauts de réalisation, à commencer par son montage qui porte rapidement à confusion. Le film alterne entre flashbacks lourds et réalité, ce qui rend la lecture et la compréhension du film complexe pour le spectateur mais qui peut faire sens lorsque l’on met ceci en parallèle avec la rétrospective intérieure que réalise Jared tout au long du film. C’est film qui finalement à sa fin laisse le spectateur totalement confus et bouleversé par les images qu’il vient de voir. Ce qui ressort dans le film c’est aussi sa pudeur, sa distance dans l’histoire qui se ressent jusque dans la palette de couleurs froides utilisés dans les plans tout au long du film.
Le titre se suffit à lui-même pour comprendre ce dont il est question dans le film, d’un garçon effacé. Un garçon auquel son identité, sa personne est effacée ou doit être face selon le monde extérieur. Dans son genre, le film se compare aisément à “The Miseducation of Cameron Post”, sorti à l’été 2018 par son sujet mais présente in traitement différent. Il rejoint aussi dans la violence de son histoire de nombreuses histoires queer portées à l’écran comme “Boys Don’t Cry”, sorti en 1999.
Malgré son manque d’originalité et de cohérence dans son montage, “Boy Erased” se vaut surtout par son traitement appuyé et sobre du sujet extrêmement marquant et important. Le film porté par sa musique, permet de retracer l’histoire de Jared ainsi que son parcours jusqu’à la première publication de son expérience dans le Times. “Boy Erased” permet surtout à Lucas Hedges de montrer encore une fois son talent, en offrant une performance puissante aux côtés d’une Nicole Kidman toute aussi merveilleuse.
“Boy Erased” s’avère être un film important à l’heure où les thérapies de conversion veulent refaire surface sous l’ère de Trump.
Boy Erased de Joel Egerton. Avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe… 2h
Sortie en salles le 27 mars.