Le programme Youth Peacemaker Network vise à promouvoir la paix dans des zones de guerre grâce à de jeunes médiateur·ices. L’occasion d’accompagner l’initiative par un documentaire, produit par Forest Whitaker, président de l’association, qui traite du Soudan, de ses tribulations, et de la façon dont ces missionnaires modernes tente d’influence sur la géopolitique locale.
Plus jeune état au monde, le Soudan du Sud est en proie à une guerre civile sans merci entre les habitant·es des différentes communautés. Depuis sa création en 2011, on dénombre pas moins de 350 000 mort·es. Dans un pays où chacun·e décide de se faire justice, une poignée de jeunes veulent redresser le pays et y instaurer la paix. D’un côté Gatjang qui inculque aux jeunes (et aux plus récalcitrant·es) d’un camp de déplacé·es à Juba les valeurs du football. De l’autre, Nandege qui est devenue médiatrice de paix grâce au programme Youth Peacemaker Network et qui, pour sa première affaire, doit se frotter à deux communautés rivales qui vont jusqu’à s’entretuer pour voler le bétail de l’autre.

En s’intéressant à ces deux parcours de vie, Thomas Sametin et Christophe Castagne mettent en lumière un pays dont on entend finalement assez peu parler malgré la situation assez alarmante. Depuis 2013, le Président de la République Salva Kiir est en conflit avec son Vice-Président Riek Machar, ce qui a entraîné une dissidence au sein du pays avec des partisan·es des deux côtés. Armé·es jusqu’aux dents, tout est bon pour défendre convictions et territoire. Contre toute attente, c’est une jeune maman toute frêle qui débarque parmi ces bonhommes afin de créer un terrain d’entente. Pourtant, Nandege ne se décontenance pas et, à force de persuasion et de diplomatie, réussit à réconcilier les deux clans. Quant à Gatjang, son amour du football qu’il prend grand plaisir à transmettre aux nouvelles générations lui permet d’inculquer des valeurs indispensables qu’elles ne possédaient pas forcément jusque là. De par le sport et la communication, ces deux protagonistes nous prouvent qu’il est encore possible de faire de belles et grandes choses.
On évoquait Forest Whitaker en préambule et son engagement politique et humanitaire mais cela va encore plus loin dans ce documentaire – pour lequel il est producteur – puisqu’il est également présent à l’écran. On découvre l’ampleur du projet et à quel point cela lui tient à cœur puisqu’il a assisté à plusieurs cours dispensés aux futur·es médiateur·ices de paix. C’est ainsi qu’il a noué une relation très forte avec Nandege avec qui il s’est rendu à Genève pour rencontrer des dirigeant·es et les alerter quant aux violences commises dans ces pays. Si on pouvait craindre un film “avec” Forest Whitaker, l’acteur préfère s’effacer au profit du sujet et de ses protagonistes. L’élégance, toujours.
Si le film poursuit deux quêtes de paix aussi passionnantes que nécessaires, on regretterait presque l’absence d’autres médiateur·ices pour donner encore plus de consistance au documentaire qui souffre par moments de quelques longueurs de par ces deux parcours finalement assez linéaires.
Porté par un élan de générosité et d’espoir absolument salvateur, For the sake of peace ouvre ce 75e festival sur un message nécessaire en ces temps troubles où la jeunesse est plus que jamais nécessaire pour construire des lendemains plus paisibles.
For the sake of peace par Thomas Sametin et Christophe Castagne. Avec Nandege Magdalena Lokoro et Gatjang Dagor. 1h34