Si le nom de Don Bluth semble effacé de la mémoire de nombreux·ses spectateur·ices, ses dessins restent dans la mémoire collective. On peut ainsi repenser à des titres comme Fievel et le nouveau monde, Rock-o-Rico, Le petit dinosaure ou Anastasia, être subjugué par certaines des images évoquées à la mention de ces films ou se laisser avoir par certains de ses morceaux musicaux (notamment Loin du froid de Décembre ou Il n’y a pas de chats en Amérique). Retombons donc en enfance pour brièvement évoquer ce Charlie, mon héros, également connu sous son titre original All dogs go to Heaven.
Le point de départ du récit s’avère, comme souvent dans la carrière de Don Bluth, assez simple mais non moins dénué d’intérêt : Charlie, un chien profiteur et ayant une sacrée passion pour l’argent, se voit assassiné par son ancien partenaire. Parvenant à revenir d’entre les morts (mais pas à la façon d’un Simetierre, si cela peut rassurer les parents n’ayant jamais vu le film), il cherche à se venger en kidnappant sa vieille amie Anne-Marie, une jeune orpheline qui sait parler avec les animaux. Cette dernière relation sera évidemment le cœur émotionnel du long-métrage en ce qu’elle permet d’amener le personnage principal vers un chemin de rédemption intéressant malgré son aspect formellement classique.

L’envie de devenir la bonne personne qu’Anne-Marie voit en lui pousse notre héros à s’améliorer et à s’éloigner de certaines combines après avoir profité du talent de la petite fille. Il faut admettre que cette étape s’avère prenante par le développement de cet univers quasi clandestin. Si l’on peut s’interroger sur la logique de cette diégèse, il faut bien admettre qu’elle fonctionne et permet une approche pas si éloignée du concurrent Disney dans son traitement proche d’un certain merveilleux sans être trop éloigné du quotidien.
Néanmoins, même si l’on cite le studio aux grandes oreilles, nous ne faisons pas face à un simple copier-coller, bien au contraire. L’approche graphique de Don Bluth y est plus que reconnaissable (on souligne ainsi les détails de transparence et de paillettes tout bonnement à tomber quand on est fan de cinéma d’animation) et sert une certaine énergie à une intrigue par moments un peu décousue dans ce qu’elle laisse en hors-champ et par moments classique mais néanmoins émouvante, en particulier dans sa conclusion.
Plus de 32 ans après sa sortie dans nos salles de cinéma, c’est donc un bien joli film d’animation qui revient en édition physique pour mieux nous rappeler l’importance de Don Bluth dans les productions américaines de ce type. Charlie, mon héros s’avère aussi touchant qu’amusant, promettant de faire rire les petit·es et les grand·es tout en perpétuant une nouvelle fois la portée méritée du travail de son coréalisateur de renom. En effet, si le monde pouvait être aussi beau que dans un film de Don Bluth, on ne s’en porterait que bien mieux.
Charlie, mon héros, réalisé par Gary Goldman, Don Bluth et Dan Kuenster. Écrit par David N.Weiss. Avec Burt Reynolds, Dom DeLuise, Judith Barsi,… 1h24
Sorti le 28 mars 1990