Xavier Gens, réalisateur français notamment derrière Frontière(s) et Hitman, est de retour avec Cold Skin, un film qui sort directement en DVD et VOD ce 17 juillet 2019. Cette co-production française et espagnole est portée par David Oakes et Ray Stevenson. L’histoire prend place en 1914 alors que Friend (David Oakes) accoste sur une île habitée seulement par Gruner (Ray Stevenson), le gardien de phare. Ils vont devoir cohabiter pour faire face à un danger inexplicable venu des profondeurs de l’océan.
Une première partie qui patine
Cold Skin est terminé depuis maintenant deux ans, et a été projeté pour de rares chanceux pendant le Comic-Con français de 2017. Ce thriller fantastique aux inspirations horrifiques est certainement le meilleur film de la carrière bancale de Xavier Gens. Pour autant la première partie est plutôt ennuyeuse et peine à totalement décoller pour révéler le véritable intérêt du métrage : un survival horrifique et oppressant. La mise en place est trop longue et surtout manque de rythme pour plonger complètement le spectateur dans l’histoire, qui manque cruellement d’intérêt dans sa première partie. Le cinéaste tente d’aborder son long métrage avec une introduction en forme de film d’aventure et d’exploration, avec la découverte d’une île inhospitalière.

Mais les péripéties proposées sont relativement classiques et ne décollent jamais complètement. Isolement, manque, mystère sont les ressorts dramatiques de ce début de film, mais sont trop banals pour réellement fasciner. Reste le personnage de Ray Stevenson plutôt intriguant, notamment grâce à la prestation précise de l’acteur britannique. Mais le cinéaste accumule les poncifs du genre surtout à cause de sa romance inter-espèce redondante. Et malgré une esthétique plutôt réussie, notamment dans son approche désertique, on s’ennuie gentiment devant la première moitié de Cold Skin.
Une seconde partie plus horrifique
Heureusement Xavier Gens met un coup d’accélérateur dans la seconde partie de son film. Il délaisse sa romance cucul pour se concentrer sur une ambiance plus horrifique. Cold Skin devient angoissant grâce à une menace océanique inattendue. Le film prend une autre dimension et atteint une ampleur beaucoup plus percutante, notamment grâce à une menace omniprésente et imposante. Ses créatures marines humanoïdes sont extrêmement convaincantes, que ce soit dans leur design épuré et inquiétant, ou dans leur utilisation intelligente, notamment dans le climax final. Évidemment les références sont nombreuses que ce soit les monstres de la fosse dans Aquaman ou la créature de La Forme de l’Eau, difficile de ne pas faire de comparatif, quand certains ont même rapporté Cold Skin a un imaginaire hérité de l’écrivain Lovecraft. Mais c’est surtout à Évolution, ce film de science fiction franco-espagnol totalement déroutant de Lucile Hadzihalilovic, que Cold Skin fait penser. Xavier Gens peut donc compter sur ses nombreuses créatures qui réservent un final impressionnant de rythme et de beauté visuelle : une confrontation en pleine tempête en haut d’un phare à l’impact durable.

Ainsi Cold Skin est véritablement divisé en deux parties. Une première qui place les bases de manière trop paresseuse pour convaincre, et une seconde beaucoup plus musclée qui assure le show. Ainsi ce nouveau Xavier Gens est mieux réussi que ses précédents films. Il n’empêche que ce huis clos tourne en rond, accumule les clichés et les invraisemblances via des personnages vides. Le cinéaste ne parvient pas à faire correctement évoluer ses protagonistes. L’histoire patauge et n’avance pas. Les ressorts émotionnels tombent à plat, se concentrant naïvement sur une romance inter-espèce superflue. Les mises en situation sont classiques malgré une esthétique agréable qui méritait plus d’attention. Les jeux de lumières auraient pu être un puissant atout, mais sont trop peu utilisés. Reste des jump-scare efficaces et un dénouement final calme, presque intimiste, en contradiction avec les conclusions habituelles du genre.
Cold Skin de Xavier Gens. Avec David Oakes, Ray Stevenson, Aura Garrido… 1h46
Sortie en DVD/VOD le 17 juillet