I love you Phillip Morris, comédie détonante, avec le duo Jim Carrey/Ewan McGregor, et remarquée à Cannes et à Sundance, est le premier film du duo Glenn Ficarra et John Requa juste avant Crazy Stupid Love. Ils signent avec ce dernier un film choral efficace, sur des histoires d’amours entrelacées, et porté par des acteur·ices impeccables.
Cal (Steve Carell) est un quadra timide qui voit sa femme Emily (Julianne Moore) lui annoncer qu’elle l’a trompé et a l’intention de divorcer. Il quitte le domicile familial, laissant ses deux enfants et sa femme, pour écumer un bar et saouler tout le monde avec ses histoires. Jacob, le séduisant dragueur (Ryan Gosling), lui propose de l’aider à se reprendre en main pour passer à autre chose ou pour reconquérir sa femme en lui donnant des cours de séduction.
À première vue, rien de très novateur dans ce synopsis reprenant les mêmes codes de la comédie romantique anglo-saxonne. La réussite est de mener autant d’histoires d’amours, qui se mêlent et se démêlent, avec une telle limpidité. Les couples se (re)forment par une écriture au diapason de l’interprétation des comédien·nes, que ce soit Steve Carell, Ryan Gosling, Julianne Moore…
Le film remplit pourtant toutes les cases de la comédie romantique (les quiproquos ou le discours public final en guise de résolution) mais arrive à nous surprendre lors de moments aussi drôles que touchants. Les seconds rôles viennent chacun enrichir le scénario de différente manière, les quelques scènes avec Marisa Tomei sont notamment à la fois hilarantes et tendres. Elle y incarne une professeure ayant eu une aventure avec Cal avant de le retrouver à une réunion parents-professeur·es en compagnie d’Emily, sa femme ! Cette rencontre est l’occasion d’un moment très tendre avec cette dernière en attendant la professeure. Une séquence de souvenirs et d’instants partagés ensemble, tournée de manière très intimiste avec la distance physique nécessaire entre elleux mais un rapprochement émotionnel assez évident dès leurs premiers regards. Un rapprochement contrebalancé par le tempérament de la professeure à son arrivée qui révèle tout à sa femme (et de quelle manière !).

Tout le film traite de l’amour et de la dépendance à la notion de désir, de plaire et/ou d’aimer. Cal pense que Jacob a la meilleure vie, sans attachements émotionnels et avec de multiples conquêtes sexuelles : se livrer rend chaque personne vulnérable et fragilisée par le sentiment amoureux, ce que Cal refuse. Une vulnérabilité qui permet à Jacob de se découvrir autrement, plaçant l’amour au dessus de tous les a priori.
Crazy Stupid Love tient un équilibre soutenu entre rires et larmes, envoyant exploser certains codes mais jouant également avec d’autres. Les séquences hilarantes peuvent nous émouvoir à la seconde suivante par une maitrise du rythme et une fluidité de l’action. Nous pouvons toujours regretter cette conclusion conventionnelle dans son fond (tout le monde obtient ce qu’iel souhaite) et sa forme (une énième scène de discours final) très américaine.
Crazy Stupid Love, de John Requa, Glenn Ficarra. Écrit par Dan Fogelman. Avec Steve Carell, Ryan Gosling, Emma Stone… 1h58
Sorti le 14 septembre 2011