Après le combat légendaire Borg/McEnroe, c’est au tour de Billie Jean King d’affronter Bobby Riggs. La joueuse montante du tennis féminin contre l’ancien numéro un mondial aussi charismatique qu’horripilant et machiste. Au-delà d’un match qui va faire des étincelles, Battle of the sexes dresse surtout le portrait d’une société en pleine mutation et qui résonne encore aujourd’hui.
En 1972, Billie Jean King remporte trois titres du Grand Chelem et devient la joueuse gagnant le plus de revenus. Mais à cette époque-là, c’est un tout autre combat que mène la jeune femme : celui de l’égalité des sexes. En effet, les hommes étaient jusqu’à 8 fois plus payés que les femmes car “plus attirants à regarder”. De son côté, Bobby Riggs est à la retraite mais ne rêve que d’une chose : retourner sur le court. L’occasion est trop belle pour cet ancien réac qui estime que les femmes n’ont pas leur place sur un court de tennis. 100 000$ à quiconque réussira à le battre – sachant pertinemment que Billie Jean King ne pourra qu’accepter ce défi.
Une lutte personnelle et professionnelle
Jonathan Dayton et Valerie Faris ont l’intelligence de ne pas se cantonner au pur spectacle sportif avec ce film. En effet, et malgré une analyse plus approfondie de King que de Riggs, Battle of the sexes dessine le portrait d’une femme et d’un double-combat qu’elle a mené dans les années 70. Celui de faire reconnaître les femmes au même titre que les hommes mais également un combat personnel avec son mari, ses sentiments et la pression qui repose sur ses épaules. Porte-parole des femmes, Billie Jean King créera son propre tournoi et ainsi permettre aux joueuses d’imposer leurs propres conditions financières.
Au-delà du match mené contre Bobby Riggs et regardé par plus de 90 millions de spectateurs, la jeune femme s’est surtout battue contre un système archaïque ne laissant aucune place à la femme exceptée dans la chambre à coucher et dans la cuisine.
Pour incarner ces deux forts caractères, les réalisateurs ont fait appel à la dernière oscarisée Emma Stone (assez exceptionnelle comme à chaque fois) et à Steve Carell qui, derrière ce personnage de macho, arrive à nous attendrir par sa répartie sans faille, son sens du show et l’amour qu’il porte malgré tout à son fils et sa femme.
Le tout filmé comme dans les années 70 et Battle of the sexes arrive à faire un sans faute dans un match final observé comme à l’époque (une seule caméra placée au-dessus du terrain) en y instaurant autant un enjeu personnel pour Billie jean King mais aussi un enjeu politique et sociétal qu’est la place de la femme dans le monde sportif mais aussi dans la société et dans le couple. Un propos qui finalement est encore bien d’actualité 40 ans plus tard.
Battle of the sexes de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Avec Emma Stone, Steve Carell… 2h02
Sortie le 22 novembre 2017