Cinquième collaboration entre George Clooney et les Frères Coen. Après avoir tourné avec eux, c’est désormais en tant que réalisateur que Monsieur Nespresso travaille avec le duo puisque ces derniers lui ont confié un de leur scénario. Satire politico-sociale de la société américaine des années 50, Bienvenue à Suburbicon réunit un casting prestigieux : Matt Damon, Julianne Moore et Oscar Isaac. Ce film est surtout l’occasion de faire oublier un Monuments Men très moyen malheureusement n’est pas les Frères Coen qui veut.
Suburbicon est une jolie bourgade résidentielle aux fausses allures de Desperate Housewives où tout le monde est beau, heureux, a la pelouse bien tondue et surtout tout le monde est blanc là-bas. Alors forcément lorsqu’une famille afro-américaine débarque c’est le début des ennuis. Un petit coin de paradis qui se transforme en véritable enfer pour les Meyers alors que juste derrière se trame quelque chose de bien plus sanglant.
Au coeur d’une Amérique en pleine tension raciale, l’arrivée de ces nouveaux habitants est vu d’un mauvais oeil alors que juste de l’autre côté, Gardner, sa femme, sa belle-soeur (toutes deux incarnées par Julianne Moore) et leur fils Nicky sont victimes de voleurs peu scrupuleux qui font en fait partie d’un plan bien plus diabolique mis en place. Vu à travers les yeux du jeune Nicky -brillamment interprété par le jeune Noah Jupe, le scénario se découd bien (trop ?) rapidement à nos yeux et les enjeux s’envolent en un claquement de doigt. L’arrivée de cette famille afro-américaine dans une paisible ville résidentielle est tirée d’un fait réel : Dans les années 50, William et Daisy Meyers furent les premiers afro-américains à s’installer à Levittown. La facteur a pris la femme pour la domestique et lorsqu’il a découvert qu’ils étaient les nouveaux voisins, il a fait le tour des maisons environnantes pour annoncer la nouvelle. Résultat, le soir même des centaines de personnes se réunissent devant leur maison pour leur crier des insultes, brûler une croix dans le jardin voisin et accrocher des drapeaux confédérés.
Bienvenue à Suburbicon s’appuie sur cette guerre raciale pour y développer en parallèle une seconde histoire où finalement les plus mauvais ne sont pas forcément ceux qu’on croit. Matt Damon est parfait en sale type d’apparence parfaite avec ses petites lunettes et sa petite vie bien rangée tout comme la belle-soeur bien plus fourbe qu’il n’y paraît sauf que personne ne voit rien puisqu’ils sont tous attirés comme des mouches vers ces voisins noirs qui n’ont rien fait et surtout n’ont rien demandé. En s’attardant énormément sur Gardner et sa petite famille parfaite, le film oublie parfois la famille Meyers, ses autres habitants et les répercussions qu’a l’ignorance des habitants.
Par contre sur la forme le film se tient. Dans cet univers rétro des années 50, toutes ces maisons faussement colorés, les pelouses et les barrières qui se multiplient arrivent presque à filer froid dans le dos. Tout est trop parfait, ça se voit dès les premières images. Le film regorge évidemment de l’esprit des Frères Coen avec cet absurdité qui caractérise leur cinéma mais George Clooney a bien du mal à transposer le tout pour avoir un ensemble cohérent, le film faisant plus figure d’un “Qui tuera qui ?” qu’une véritable satire de la société américaine.
Malgré ses imperfections, Bienvenue à Suburbicon reste un petit jeu de massacre assez jouissif à regarder magnifié par un Oscar Isaac aussi drôle que tragique en inspecteur moustachu. Le tout fonctionne correctement même si on aurait préféré avoir un film avec un peu plus de profondeur.
Bienvenue à Suburbicon de George Clooney. Avec Matt Damon, Julianne Moore, Oscar Isaac… 1h44
Sortie en salles le 6 décembre