[CRITIQUE] Cessez-Le-Feu : Un premier film brillant

Pour son premier long-métrage, Emmanuel Courcol a puisé dans ses souvenirs personnels et notamment son grand-père qui a fait la guerre de 14. Ici exit les reconstitutions des scènes de bataille sanguinolentes, on préfère s’attarder sur ces rescapés de guerre, ces traumatisés qui sont obligés, un peu malgré eux, à se réintégrer dans une société qui a avancé. En plein coeur des Années Folles, Georges et son frère Marcel sont deux traumatisés de la guerre de 14. L’un est devenu muet tandis que l’autre s’est exilé pendant quatre ans en Afrique mais reste marqué à jamais. A son retour, il fait la connaissance de la professeur de langue des signes de son frère, Hélène avec qui il va se lancer dans une relation compliquée.

Un trio diablement efficace

Romain Duris, Céline Sallette et Grégory Gadebois portent à eux trois à bout de bras ce film et y apportent la juste émotion qu’il faut. A chacun sa façon de gérer ce traumatisme entre Georges qui a perdu un de ses frères sur le Front et un ami en Afrique, Hélène dont le mari n’est jamais revenu indemne de la guerre et Marcel, devenu muet et qui retrouve petit à petit goût à la vie grâce à la jeune et pétillante Madeleine. Grégory Gadebois éblouit littéralement dans ce rôle où toutes ses émotions passent par le regard et le sourire. Son imposante corpulence balance totalement avec son mutisme et cette pudeur qui dégage de son personnage. Un très très beau personnage et un très très beau rôle pour Grégory.

Doublement à l’affiche en ce moment avec aussi Corporate, Céline Sallette joue également l’émotion, la beauté et la douceur. C’est aussi un autre point de vue de la guerre et de ses conséquences. Femme de soldat, elle fait partie de ces dommages collatéraux et même si elle l’a côtoyé de près, elle ne peut comprendre le traumatisme vécu par ces soldats même si elle en subit aujourd’hui les conséquences. Et enfin Romain Duris qui comme souvent excelle. Au revoir la douceur qu’on lui a trouvé dans La Confession et bonjour l’homme à la carapace de fer, traumatisé par la mort de son frère et de son ami, se barricadant derrière cette froideur de peur d’avancer dans ce monde. L’acteur rend fièrement hommage à ces traumatisés de guerre, purement et simplement, sans artifices.

Cessez-Le-Feu rentre dans les lignes et y restent jusqu’à la fin sans jamais déborder, sans jamais oser mais dessert noblement le sujet. C’est propre et ça fait plaisir à voir. La mise en scène est efficace notamment le très joli plan-séquence dans les tranchées où ressortent la tension, la peur et l’horreur de la guerre sans tomber dans la pure reconstruction historique.

Emmanuel Courcol offre un premier film très réussi, engagé, rendant fièrement hommage à ces rescapés de la guerre, à ces abimés de la vie qui doivent réapprendre à vivre et à cohabiter avec leurs démons. Un film sensible et beau au casting tout simplement époustouflant.

0 Commentaire

Laisser un commentaire

%d