[CRITIQUE] Corporate : Un avertissement percutant

Le monde de l’entreprise, un univers impitoyable et froid où les sentiments n’ont pas leur place et dont les méthodes peuvent parfois être douteuses. Emilie est responsable des ressources humaines dans une grande entreprise parisienne. Son boulot ? Pousser les employés les plus récalcitrants à démissionner pour ne pas avoir besoin à les licencier. Malheureusement, tout se retourne contre elle lorsqu’un des employés se suicide au sein de la boîte et qu’elle se retrouve avec l’inspectrice du travail sur le dos ainsi que sa hiérarchie prête à tout pour qu’elle ne dévoile pas les rouages du plan A16. 

Les conséquences du “management par la terreur”

Nicolas Silhol a eu l’idée du film Corporate après la vague de suicide qui a eu lieu chez France Télécom il y a quelques années. Une pression psychologique exercée au sein de l’entreprise pour avoir toujours plus de résultats et là c’est le drame : le burn-out ou le suicide. Loin de généraliser cette idée, le réalisateur ne pointe pas du doigt les entreprises mais la façon dont on traite les employés. Dans cette entreprise en l’occurence, les employés ne sont que des objets qu’on remplace et qu’on jette quand bon nous semble. Le film dégage quelque chose de très glacial dans les rapports entre les collègues de cette boîte, les regards médisants des uns et des autres mais également cette façon de cloisonner les gens notamment grâce à cette mise en scène efficace qui ne tient qu’à des détails : le bureau de Dalmat mis à l’écart à côté de la photocopieuse et les bureaux cloisonnés qui, malgré les portes et murs en verres, donnent un effet étouffant à cette entreprise. Le tout donne quelque chose de très oppressant, à la limite du thriller psychologique.

Choisir Céline Sallette et Lambert Wilson était quelque chose de judicieux. Totalement opposés par leurs façon de penser et d’aborder l’humain, Céline Sallette dégage quelque chose de très fort à travers son regard. Celle qui est montrée comme la femme forte, celle qui prend son destin en main, sûre d’elle et de son pas ne peut pas se permettre de flancher face aux responsabilités qui lui incombent les épaules petit à petit. Désignée comme le bouc émissaire, elle deviendra lanceur d’alerte. A contrario, Lambert Wilson représente quelqu’un de très froid mais surtout complètement inconscient et détaché vis-à-vis des évènements. Loin d’être le méchant dans l’histoire, juste quelqu’un dans le déni et qui, peut-être dans les dernières minutes du film, se rend compte de ce qu’il a provoqué.

On déplorera peut-être une intrigue trop rapidement déroulée (le film ne dure qu’1h35) qui du coup s’appuie un peu trop sur l’aspect “technique” du management que de l’impact émotionnel sans compter qu’on reste un brin sur notre faim au moment où Emilie fait une déposition à l’encontre de son ancienne entreprise. Le face à face avec son ex-employeur aurait pu être intéressant.

Nicolas Silhol signe un premier film coup de poing, qui met en lumière des manières peu orthodoxes de traiter des employés le tout avec un casting efficace et une façon très anxiogène de nous transmettre ce sentiment de culpabilité qui plane sur tout le film.

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