[CRITIQUE] La nuit a dévoré le monde : de sang, de chair et d’audace

Décidément le cinéma de genre ne nous laisse que peu de répit en ce moment. Après des propositions audacieuses telles que Grave, Laissez bronzer les cadavres ou plus récemment Revenge, c’est au tour de Dominique Rocher de s’attaquer au genre casse-gueule qu’est le film de zombies / survival. D’autant plus casse-gueule lorsque l’histoire se déroule dans notre chère capitale. Au final, La Nuit a dévoré le monde s’avère – non pas dans quelques fautes – assez brillant autant sur la forme que sur le fond.

En se rendant chez son ex, Sam était loin de se douter de la tournure qu’allait prendre la soirée. Alors qu’il s’endort dans une pièce annexe et que tous les autres font la fête, il se réveille le lendemain matin dans un appartement dévasté, où les murs sont couverts de sang et où il n’y a plus d’âme qui vive. Les morts-vivants ont envahi la capitale et Sam est désormais tout seul, quoique…

Depuis l’avènement du genre zombies propulsé par la série The Walking Dead, le cinéma s’est engouffré dans cette brèche prolifique – The Last Girl, Dernier train pour Busan et sans compter les films de série z aussi intéressants qu’un dessin animé sur Gulli -. Alors autant dire que c’est assez couillu de la part de Dominique Rocher, qui signe son premier long-métrage, d’installer son invasion de zombie à Paris. Visuellement, La nuit a dévoré le monde crée une rupture avec le genre qu’on a l’habitude de voir hors de nos frontières que ce soit ce magnifique immeuble haussmanien ou ces rues parisiennes qui nous semblent familières.

Préférant la poésie de certains plans – dont celui en plongée sur l’immeuble et les rues désertes de Paris – à la frénésie qu’appelle généralement le genre, Dominique Rocher fait dans le minimalisme autant sur les décors, que l’action ou que son propre personnage plongé dans un monde aussi chaotique que paradoxalement silencieux. Une ligne silencieuse intelligemment brisée de temps à autres par une arrive impromptue de morts-vivants.

Paris à l’agonie, Paris rempli de zombies.

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Puis finalement, ce Paris infesté de zombies n’est que secondaire dans ce film parce que les morts-vivants sont finalement très peu présents excepté dans le dernier quart d’heure absolument éblouissant autant sur l’image que sur le travail de maquillage des zombies qui n’ont définitivement rien à envier à nos voisins américains. Non parce que si la nuit a dévoré le monde, elle a surtout laissé Sam tout seul. Goûtant la même sauce que Will Smith dans Je suis une légende, le garçon doit apprendre à se débrouiller, récupérer des armes et de quoi vivre reclus dans l’appartement. Une bataille autant contre les zombies que lui-même se met en place. À travers quelques échanges avec Alfred – lui aussi transformé en zombie et coincé dans la cage d’ascenseur -, on assiste à une tourmente psychologique : “À quoi bon se battre s’il n’y a plus personne pour qui le faire ?”. Une torture qui le consume à petit feu et qui explose magnifiquement lorsque Sam se déchaîne sur sa batterie, fenêtres ouvertes, faisant accourir les zombies jusqu’à lui.

Avec La Nuit a dévoré le monde, Dominique Rocher signe un premier long-métrage audacieux, minimaliste, parfois bancal mais absolument rafraichissant dans un paysage cinématographique français qui manquait décidément de chair bien fraîche.

4 étoiles

La Nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher. Avec Anders Danielsen Lie… 1h34
Sortie le 7 mars 

1 Commentaire
  • […] Jérémie Guez a déjà fait ses armes littéraires en ayant déjà publié quatre romans à succès. Cette année, il s’arme de sa caméra pour adapter « L’homme de plonge » de Dannie M. Martin. Même si c’est sa première expérience en tant que réalisateur, Jérémie Guez a déjà de solides références derrière lui puisqu’on lui doit notamment le scénario de La nuit a dévoré le monde. […]

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