À l’heure du #MeToo et de la revendication de la place des femmes dans la société – et parallèlement au cinéma que ce soit en compagnie de Tomb Raider, les femmes de Black Panther, Un Raccourci dans le temps… -, un biopic sur l’une des figures les plus emblématique de l’Évangile aussi incroyable que traînée dans la boue était plus que bienvenu. Un brin féministe et définitivement hors des clous à son époque, Marie Madeleine méritait bien son biopic… sauf quand Jésus lui vole – encore – la vedette.
Garth Davis (Lion) vient s’attaquer à un gros morceau de l’histoire religieuse et se lance dans un registre casse-gueule qu’est le film religieux doublé du biopic, qui plus est sur Marie Madeleine. Car qui dit Marie Madeleine, dit forcément Jésus et le bonhomme c’est pas rien. Marie Madeleine retrace donc le destin de l’une des figures les plus controversées de la chrétienté. Longtemps considérée comme la compagne de Jésus par certains, comme une prostituée par d’autres, Garth Davis a l’ambition de réhabiliter un personnage qui fut bien plus important que ce que l’histoire voulait nous laisser croire. Désormais autorisée à être considérée comme une apôtre par le Vatican, Marie Madeleine fut la première femme à refuser les traditions imposées par l’époque en préférant être reniée par sa famille que se marier pour rejoindre le chemin du prêcheur qu’était Jésus à l’époque.
Une nouvelle vision de la femme mais également un regard différent de Jésus puisque vu à travers ceux de celle qui a été à ses côtés du début jusqu’à la fin – sa crucifixion – et encore là à son retour. Mais forcément sur 2h10 de film, le propos s’essouffle et tombe rapidement dans le basique film religieux rempli de discours profonds au bord de la rivière entourés de fidèles buvant les paroles du prêcheur et nous spectateur roupillant devant un film qui ne dépasse jamais le cadre christique et qui, de manière plus problématique, est au final un film sur Jésus malgré une première partie qui laissait entre apercevoir un semblant de Marie Madeleine rebelle et indépendante. Garth Davis ne transforme pas l’essaie en nous offrant presque un biopic sur Jésus et Marie Madeleine à côté pour le côté féministe. Malgré une Rooney Mara au visage angélique, la jeune femme ne fait pas le poids face à un Joaquim Phoenix qui – malgré son manque de carrure pour un tel rôle – a au moins le mérite d’habiter son personnage à 100%.
Malgré de bonnes intentions, un propos intéressant – et plus actuel que jamais – et un casting magnifique, Garth Davis s’adonne à un exercice pénible de biopic sans saveur totalement effacé par le personnage qu’était Jésus. Désolé Marie Madeleine, ton heure de gloire n’est décidément pas encore venue.
Marie Madeleine de Garth Davis. Avec Rooney Mara… 2h10
Sortie le 28 mars