[CRITIQUE] Nos années folles : Un sujet sans profondeur

Paul Grappe a une histoire hors du commun. Celle d’un homme devenu femme pour échapper aux autorités alors qu’il a déserté les champs de bataille. Et c’est dans le Paris des années folles qu’émerge Suzanne. Mais la guerre se termine, Paul est amnistié et il est temps pour lui de redevenir l’homme qu’il était. Un parcours sinueux et ambigüe qu’André Téchiné a bien du mal à retranscrire à l’écran avec un film brouillon qui perd de sa substance à cause de ses nombreux raccourcis rendant l’histoire bancale.

Tiré d’une histoire vraie, Nos années folles retrace le destin d’un couple : Paul et Louise Grappe. Après que Paul se soit mutilé et ai déserté le front, sa femme Louise décide de le cacher chez elle puis de le travestir. C’est ainsi qu’est née Suzanne. Une seconde vie pour Paul qui se découvre et se plaît en tant que femme volage dans le Bois de Boulogne. 1925 arrive, Paul est amnistié et doit redevenir l’homme qu’il était pour sa femme et son fils mais la tâche s’avère plus ardue qu’il n’y parait. Entre temps, Paul et son histoire deviennent l’attraction d’un cabaret, de quoi désarçonner un peu plus le jeune homme dont l’identité devient de plus en plus trouble autant pour lui que pour sa femme.

Un film en demi-teinte

Une histoire singulière, un titre prometteur, des acteurs brillants… Nos années folles avait tout pour être un chef-d’oeuvre… ou tout du moins un bon film. Malheureusement la principale faiblesse du film réside dans son scénario. En effet, l’histoire de Paul Grappe se déroule sur treize ans or c’est beaucoup plus compliqué de retranscrire tant d’années de souffrance et de bataille avec soi-même sur seulement 1h43. Cette contrainte de temps oblige André Téchiné à faire quelques raccourcis dans son film. On oublie la partie mutilation sur le front pour s’attaquer directement au problème mais là encore le spectateur risque de rester dans l’incompréhension. Comment Paul arrive-t-il soudainement à accepter cette transformation en femme alors que quelques minutes avant il ne lui viendrait même pas à l’esprit de sortir de la sorte. Et encore moins de se prostituer au Bois de Boulogne.

Le film semble incomplet, parcourant bien trop rapidement ce couple Grasse et ne s’attardant pas assez sur la psychologie de ses personnages que ce soit le conflit intérieur chez Paul ou les conséquences de ses actes chez Louise. Quant à la structure narrative, tout ce qu’elle arrive à faire est d’embrouiller le spectateur puisque ces coupures et sauts soudains et sans préambules ont de quoi déstabiliser de prime abord. Le tout ralenti énormément le film notamment dans sa première partie qui tient plus de la contemplation qu’autre chose. André Téchiné semble vouloir tout nous montrer sauf ce qu’on a vraiment envie de voir.

Heureusement que le film peut se raccrocher à son duo d’acteurs formidables avec un Pierre Deladonchamp formidable et surprenant dans ce double rôle et une Céline Sallette éblouissante. Le film peut également s’appuyer sur sa seconde partie qui gagne en intensité et en intérêt même si la chute peut nous laisser sur notre faim.

Nos années folles ne tient malheureusement pas ses promesses. Maladroit, brouillon et malgré des acteurs formidables, le film n’atteint pas la folie promise dans le titre et par son réalisateur qui échoue à trouver de la profondeur dans son sujet.

Nos années folles d’André Téchiné, France, 2017, 1h43
Actuellement en salles

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