[CRITIQUE] Orpheline : Quatre interprétations exceptionnelles pour un seul et même destin brisé

Quatre actrices pour un seule et même destin. Quatre visages très différents les uns des autres et qui, chacun à leur manière, dégage quelque chose de très fort et de très beau surtout. Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot et Vega Cuzytek incarnent tour à tour Renée, Sandra, Karine et Kiki. Quatre identités pour une seule et même personne qui tout au long de sa vie chercher son identité à travers les hommes. Un portrait peu commun et rondement mené par Arnaud des Pallières.

Quatre interprétations magistrales

Le regard hypnotisant de la jeune Vega Cuzytek, le visage innocent de Solène Rigot ou encore le charisme des deux Adèle… chaque personnage bien que pas forcément ressemblant sont tous d’une telle intensité que s’en est presque bouleversant. Chaque tranche de vie développe un peu plus l’histoire mais également le cheminement de pensée de cette jeune femme à l’enfance et à l’adolescence tumultueuse. Sans jamais tomber dans le pathos, Orpheline dresse le portrait d’une femme blessée que la vie n’a pas épargnée mais surtout que ce sont ses choix qui l’ont conduit jusque dans la situation présente. Personne n’est gentil, personne n’est méchant, ce sont juste des gens qui font de mauvais choix dans la vie.

Autour de ces quatre femmes on retrouve la ténébreuse Gemma Arterton qui est l’élément déclencheur de toute l’histoire et de l’autre côté les figures masculines du film à travers Jalil Lespert dans le rôle du mari prêt à tout pour récupérer sa femme quitte à s’enfuir du pays ainsi que le ténébreux Nicolas Duvauchelle qui, malgré sa courte apparition dans le film, marque réellement les esprits.

L’exploration de la femme et de sa sexualité

Avec ses gros plans et ses détails en excès, Orpheline sonne presque comme une minutieuse autopsie menée à la caméra. Pourquoi une jeune femme, directrice d’une école primaire, se retrouve arrêtée et qui plus est sous sa véritable identité ? Qu’est-ce qui a motivé ses choix dans la vie ? Petit à petit, Arnaud des Pallières revient sur son passé houleux, les décisions qui l’ont mené là où elle est et le constat est toujours le même. Tout ce dont elle a besoin c’est de reconnaissance. Elle n’en a pas eu avec ses parents alors l’a cherché ailleurs, notamment en découvrant sa sexualité, son pouvoir sur les hommes. A défaut d’avoir un père aimant dans un foyer familial normal, elle s’y échappera en se réfugiant dans les bras d’autres hommes et lorsqu’elle pense enfin avoir réussi à mettre son passé compliqué derrière elle, il le rattrape en un claquement de doigt. Malgré tout, celle qui se fait maintenant appelée Renée met un point final à son histoire comme elle l’a commencé, c’est-à-dire.

Orpheline est le miroir de cette jeune femme aux multiples prénoms puisqu’elle même ne sait pas vraiment qui elle est. Un portrait sans concession d’une femme, de ses choix et de ses conséquences comme à la manière d’un documentaire, sans réellement parler, tout passe par le regard. Le regard de cette femme perdue dans la vie et le regard du spectateur qui a le choix de s’apitoyer sur son sort ou de se dire que ce malheur là, elle l’a en quelques sortes provoqué à sa manière.

1 Commentaire
  • […] qui nous a plus souvent habitué à des rôles profonds et plus durs comme ce fut le cas avec Orpheline. Et visiblement l’acteur se plaît à jouer dans une comédie et a déjà conquit le public. […]

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