[CRITIQUE] Revenge : Vengeance sous peyotl

Le film de genre français a encore de beaux jours devant lui. Après la (très) grosse claque Grave de Julia Ducournau (nommé aux César dans les catégories Meilleur premier film, Meilleur scénario original, Meilleur espoir féminin pour Garance Marillier et Meilleure musique) , c’est au tour de Coralie Fargeat de nous proposer un premier long-métrage tendu, gore, oppressant, à la mise en scène sublime et presque un peu trop dans l’air du temps tiens. 

Si Jen avait participé au mouvement #BalanceTonPorc, il y a fort à parier qu’ils se seraient tous pris un tir de carabine bien propre et net. Résolument féministe et reprenant tous les codes du “Rape and revenge”, Coralie Fargeat ni va pas par quatre chemins. Trois riches entrepreneurs, une jeune femme blonde peroxydée qui joue les maîtresses dociles et – donc – peu habillées. Un viol qui tourne mal et une victime laissée pour morte qui revient d’entre les morts pour se venger de ceux qui lui ont fait ça.

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Des plans étouffants, parfois même virant au psychédélique, aux couleurs fluos criardes la nuit et aux couleurs chaudes saturées la journée faisant parfois rappeler certains plans de Laissez bronzer les cadavres (une autre pépite dans son genre). Tourné au coeur du désert marocain, les larges plaines désertiques sont pleinement utilisées dans des plans panoramiques à couper le souffle. Et au coeur de ce no man’s land se dresse une amazone qui renait de ses cendres. Jen est une pure guerrière, la fille potache a disparu. Armée et bien énervée, c’est une chasse à l’homme qui a lieu sous un soleil de plomb. Le charme de l’italienne Matilda Lutz ne laisse personne indifférent et surtout pas la caméra qui se plaît à la filmer sous toutes les coutures et dont le regard a de quoi en hypnotiser plus d’un dans la salle. Sans concession, le film frappe dans le gore à plein souhait. Rien ne nous est épargné – pour le meilleur comme pour le pire – alors on contrebalance comme on peut avec un humour contre l’absurde de certaines situations.

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Le genre “Rape and revenge” ne permet pas des folies niveau scénario cependant la réalisatrice nous offre un premier long-métrage généreux en symbolisme – parfois exagéré – mais qui fonctionne assez bien dans ce trip désertique. Coralie Fargeat nous montre déjà ce qu’on a compris depuis le début. La blonde pétasse un peu stupide avec ses vêtements qui ne mettront certainement pas l’industrie du tissu en difficulté et les trois vautours aussi débiles qu’assoiffés de sexe, réduits au statut d’animal – des gros plans sur leur bouche en train de mastiquer – peuvent parfois rendre le propos un petit peu grossier mais on peut bien lui pardonner ça pour un premier film.

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Même si on peut relever quelques faiblesses, Revenge est une sacrée proposition de cinéma de genre et un premier long-métrage audacieux, dans la même veine que Grave (en bien plus sanglant quand même) promettant de belles choses pour sa réalisatrice. Un “Rape and revenge” sous peyotl (la drogue que prend Jen dans après son retour d’entre les morts), brut, efficace et étouffant.

4 étoiles

Revenge de Coralie Fargeat. Avec Matilda Lutz… 1h48
Sortie le 7 février

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