[DEAUVILLE 2017] Blueprint : De belles intentions

Nouvelle journée et nouveau film en compétition à Deauville. Un film intime pour le réalisateur qui a écrit le scénario avec l’acteur principal du film Jerod Haynes. Jerod vit dans le quartier sur de Chicago. Il mène une vie paisible avec sa petite-amie, sa fille et ses amis mais tout bascule le jour où son meilleur ami se fait tuer par balle par la police. Jerod perd ses repères, se cherche après ce drame et surtout va devoir apprendre à faire son deuil et laisser derrière lui ce traumatisme.

Des noirs qui se font tuer par des policiers blancs n’est plus -malheureusement, un fait rare. Voulant s’exprimer et agir, le réalisateur Daryl Wein a décidé d’écrire Blueprint avec l’aide de Jerod Haynes, un acteur avec qui il avait déjà travaillé auparavant. D’ailleurs l’acteur principal nous expliquait en conférence de presse que ce film c’est sa vie, c’est la réalité. Même les personnes vues dans le film font toutes partie de sa famille ou de ses amis. Le quartier sud de Chicago est un quartier où règle la violence et où personne n’est à l’abri. Une vérité qui fait tristement écho au film puisque lors de la présentation de Blueprint, le réalisateur nous a expliqué que le film était dédié à Curtis Posey, un des acteurs présent dans le film et décédé il y a quelques mois lors d’un règlement de compte entre gangs.

“Nous n’avons pas le luxe de nous dire que ça nous arrivera pas”

Fataliste le film ? Peut-être un peu parce qu’il est inutile de se voiler la face, les violences policières sur les noirs n’arrêteront probablement jamais (j’ose espérer me tromper). D’ailleurs les violences policières tout court comme on a pu le voir récemment en Chine. Cependant, le film est loin d’être moralisateur et ne pointe pas constamment du doigt la police. A vrai dire là n’est pas réellement le propos. Un parti pris très fort qui dénote des autres films qui fonctionne à merveille.

Dans Blueprint on essaie de comprendre comment peut s’en sortir Jerod. Le cheminement est long et loin d’être facile. Ce qui va l’emmener à parfois prendre de mauvaises décisions vis à vis de sa famille et à s’éloigner de ceux qu’il aime et de sa foi. Comment s’en sortir lorsqu’on perd un des siens si brutalement ? En restant soudé mais ça Jerod doit encore l’apprendre. On y découvre l’importance de la religion, de la famille et d’arriver à trouver un modèle alors que leurs modèles ont tous disparu contrairement aux blancs.

On relèvera par ci, par là quelques paroles poignantes dont le discours de la mère de Reggie, le meilleur ami de Jerod qui s’est fait tué, où elle fait un triste constat : “Nous n’avons pas le luxe de nous dire que ça ne nous arrivera pas” en évoquant la communauté noire face aux violences policières ou encore la petite Jalaiya qui se demande si sa vie vaut autant que celle d’un blanc.

Lors de la présentation du film avant sa projection au CID, Daryl Wein et Jerod Haynes nous ont longuement parlé du film, pourquoi ils l’ont fait et pourquoi ça leur tenait à coeur. De belles intentions qui se sont retrouvés dans le film à chaque plan, on ressent à chaque instant l’amour mis dans ce film mais également les tripes et peut-être parfois un peu la colère face à cette société. On regrettera juste de la part du réalisateur un brin d’audace pour le rendre encore plus percutant qu’il ne l’est déjà.

Malgré tout Blueprint aura visiblement marqué les esprits à Deauville à voir la standing ovation reçue à la fin du film ainsi que lorsque les lumières se sont rallumées. Des applaudissements qui, fait rare, ont perduré jusque dans le hall. Une chose est sûre, le public a été conquis et nous aussi par la même occasion.

Blueprint de Daryl Wein, Etats-Unis, 2017, 1h14
Sortie prochaine

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