Être une mère est un boulot à plein temps, alors lorsqu’on devient un peu la mère de tout son entourage il y a de quoi se retrouver rapidement submergé. C’est le cas de Diane, mère célibataire qui passe plus son temps en voiture qu’à réellement profiter de la vie. Constamment en train d’aider les autres, elle n’a que peu de temps pour elle. Ajoutez à cela un fils qui sort de cure de désintoxication – et qui est tout sauf désintoxiqué -, et le vase déjà à ras bord est à deux doigts de craquer.
Premier essai en tant que réalisateur et scénariste, Kent Jones s’attaque à un portrait de femme croqué avec énormément de sensibilité. Route après route, rencontre après rencontre, Diane donne de son temps et de son énergie pour servir les autres entre une amie dont le mari est blessé, sa cousine atteinte d’un cancer du col de l’utérus et surtout son fils Brian autour duquel tourne tout son quotidien et toutes ses inquiétudes. Sorti de désintoxication, le jeune homme flirte dangereusement avec ses anciens démons tandis que sa mère s’évertue tant bien que mal à le garder sur le bon chemin quitte à y laisser une part d’elle à chaque fois. Littéralement bouffée de l’intérieur, cette mère de tout le monde semble finalement aussi droguée que son fils, non par accro aux opiacés mais à autrui, à aider son prochain pour peut-être y trouver le chemin de la rédemption alors qu’on apprend que d’anciennes rancoeurs ont refait surface entre Diane et sa cousine malade Donna.
Dans un environnement où semble rôder la mort constamment – elle voit ses proches mourir les uns après les autres -, Diane y erre telle une ombre alors que tout se bouscule dans la dernière partie du film où se bouscule les rôles. Désormais guéri et littéralement imprégné des voix du Seigneur, son fils Brian – dorénavant marié et installé – devient celui qui harcèle sa mère pour qu’elle rejoigne son Eglise tandis que la première partie du film voyait Diane tentant en vain de convaincre son fils de retourner en cure de désintoxication. Une inversion des rôles où Brian semble avoir perdu sa liberté contrairement à Diane qui semble avoir gagné la sienne maintenant que le fardeau qu’était son fils a disparu. Seulement tout ceci n’est qu’apparence, lorsque Kent Jones cloue son film sur une scène absolument bouleversante, où toutes les routes mènent finalement à la folie. À trop y avoir laissé son corps et son âme aux autres…
Pour son premier long-métrage de fiction – il a réalisé plusieurs documentaires auparavant -, Kent Jones fait de “Diane” un portrait de femme qui tente d’être forte autant pour elle que pour les autres et parce qu’on peut tous s’identifier à cette femme, Jones touche en plein coeur.
Diane de Kent Jones. Avec Mary Kay Place, Jake Lacy… 1h35
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