Pour celleux né·e·s dans les années 90, la saga littéraire horrifique Chair de Poule devrait vous dire quelque chose. Des petites histoires plutôt bien pensées pour nous faire gentiment frissonner sous la couverture le soir. À la même période en Angleterre, R. L. Stine publiait sa saga littéraire Fear Street qui a connu un succès immense avec pas moins de 80 millions d’exemplaires. Et c’est la réalisatrice Leigh Janiak, encore inconnue au bataillon (son premier film Honeymoon n’est jamais sorti de par chez nous), qui s’attèle à l’adaptation de ces romans pour Netflix.
En 1994, la ville de Shadyside est tristement connue pour ses horribles meurtres à répétition. Des gens tout à fait normaux qui se transforment du jour au lendemain en tueurs sanguinaires. Un bien triste destin pour cette petite ville où les habitant·e·s se sont résigné·e·s à l’idée d’être maudit·e. Après d’étranges évènements, la jeune Deena se plonge dans l’histoire sordide de sa ville pour en extirper de sombres secrets et peut-être enfin briser la malédiction de Shadyside.
On a déjà eu pléthore de sagas horrifiques plus ou moins réussies mais c’est bien la première fois que Netflix nous propose une sorte d’hybride entre une saga de films et une construction plus télévisuelle. Bien que le film ne soit pas une adaptation directe d’un des bouquins, il prend place dans la même ville, reprend certains noms de familles, mais la réalisatrice ainsi que ses co-scénaristes ont décidé d’élargir le spectre de l’histoire. À côté de Shadyside se trouve Sunnyvale qui est absolument tout l’inverse de son voisin : florissant, avec des habitant·e·s heureu·ses·x et où la paix règne. Une rivalité entre les deux villes qui dure depuis des années et qui alimente toujours plus les tensions, notamment entre les deux lycées. Quand une petite querelle mène à un accident de la route – sans faire de victimes -, c’est la jeune Sam qui se retrouve maudite.

Avant d’aborder un peu plus tard ses deux suites et d’évaluer le triptyque dans son ensemble, revenons à nos moutons sanglants dans Fear Street : 1994. Il est indéniable que cette première partie s’inscrit dans la digne lignée des Slashers avec une bande d’adolescents qui s’amuse de ces jeunes qui perdent la boule sans se rendre compte des conséquences ou du sérieux de la situation. Une énième tuerie dans le centre commercial de la ville a eu lieu et tout le monde s’amuse à s’effrayer en évoquant le nom de Sarah Fier, une femme tuée en 1666 pour avoir été une sorcière avant de jeter une malédiction sur la ville. Une légende urbaine comme une autre prise au sérieux que par une poignée d’habitant·e·s. Le film réussit à imposer sa patte horrifique avec une certaine efficacité sans rien s’interdire. Du gros plaisir coupable entre bains de sangs et tueurs sanguinaires qui ne sont pas sans nous rappeler les grands noms des films d’horreur. Du référencement qui trouve son propre équilibre sans jamais en faire trop. Une dose d’humour qui fonctionne notamment grâce à la bande de potes dont le petit frère de Josh qui revêt la casquette d’intello de la bande et les deux amis dealers de médicaments.
En prenant soin d’écrire avec justesse ses personnages et en leur offrant de l’attention à part égale, il est facile de s’identifier rapidement à elleux d’autant plus que la réalisatrice arrive à immiscer l’idée de cette malédiction qui pourrait être avérée. Le pari est gagné, on veut connaître la suite de l’histoire. D’autant plus que ses personnages principaux féminins badass sont un vrai coup de fouet dans le film sans compter la relation qu’entretiennent les deux jeunes femmes qui se veut forcément parallèle avec la chasse aux sorcières de 1666 (parce que oui, si t’es lesbienne t’es forcément une sorcière méchante habitée par l’esprit du Diable). Loin d’être un simple film d’horreur venu nous titiller la nuque, Fear Street est aussi le constat d’une jeunesse paumée et persuadée qu’elle ne mérite pas mieux que la mort si bien que beaucoup d’entre elleux font tout pour se barrer de cette ville, quitte à verser dans l’illégal. Et oui, même l’esprit le plus affûté de Shadyside finit par vriller.
Avec Fear Street : 1994, Leigh Janiak nous offre un joli petit plaisir coupable tout en réussissant à instaurer une saga qui attise notre curiosité et offre aux spectateurs de nouveaux éléments à chaque période avant un final… explosif ! Mais pour ça il faudra attendre le 16 juillet !
Fear Street : 1994 de Leigh Janiak. Avec Kiana Madeira, Ashley Zukerman, Gillian Jacobs… 1h47
Sortie sur Netflix le 2 juillet