Devenue une célèbre chanteuse dans un groupe de rock, Max revient dans son quartier d’origine – un bidonville au coeur du Mexique – pour retrouver ses meilleures amies mais tout a changé. Le fantôme de Sonia plane toujours sur le groupe de filles, Ramira et Carcacha régentent la misère du voisinage et Guama sombre dans la folie. Il est l’heure pour chacune de régler leurs comptes et de connaître enfin la vérité.
Lorsque Max revient, la caméra capte de suite la beauté incandescente de cette jeune femme, son côté rock’n’roll indéniable et ce quelque chose d’imperceptible qui la rend mystérieuse. Lorsqu’elle retrouve ses amies, la tension est palpable. Elles lui en veulent. De quoi ? On le découvre bien plus tard. Le film lorgne vers le thriller de par ses silences et ses regards lourds de sens. Et là en pleine nuit, c’est le drame. La césure ultime qui nous renvoie dix ans auparavant, quand tout brillait encore pour ce groupe de jeunes femmes soudées.

La première partie un peu bancale et flou – l’impression de flotter sans trop savoir où l’on va ou ce qu’on doit regarder – est vite compensée et expliquée par ce long flashback. On découvre petit à petit le quotidien houleux de chacune des jeunes filles qui viennent nous rappeler à coup de pelleteuse que les droits des femmes ne sont pas acquis partout. Entre Max qui est une junkie, Sonia violée par son beau-père ou encore Ramira lesbienne refoulée et reniée par sa mère et ses frères. Toutes ces femmes brisées par la société se réunissent et se soutiennent comme elles peuvent alors qu’elles se promettent de rester soudées et de ne jamais se quitter. Malheureusement un triste drame incluant Sonia fait éclater le groupe et entraîne le départ de Max.
Le film regorge de bonnes idées et de portraits forts mais il se perd bien rapidement dans son propos, proposant une demie-heure en trop. Le réalisateur s’essaie à quelques prouesses de mise-en-scène qui relèvent plus du hasard que d’un véritable parti pris (à part celui de nous donner mal à la tête, peut-être). C’est bien dommage mais ça n’enlève en rien la colère sourde qui inonde le film et qui nous offre un beau portrait de femmes brisées autant par la société que par les hommes.
La déesse de l’asphalte de Julián Hernández. Avec Ximena Romo Mercado, Mitzi Mabel Cadena, Paulina Goto… 2h