Comme souvent, la rédaction de On se fait un ciné est divisée sur un film. Alors que celleux qui ont vu le dernier film de Bertrand Mandico à L’Étrange Festival il y a quelques semaines l’ont adoré, d’autres qui viennent de le voir au FIFIB sont beaucoup plus mitigé·es. Malgré le relent de dégoût qu’avait déjà provoqué Les Garçons sauvages chez la rédactrice en cheffe, cette dernière a voulu laisser sa chance à After blue et s’occuper de la prise de notes. Manque de chance, le deuxième essai du réalisateur français ne la convainc toujours pas.
After Blue (Paradis sale) nous envoie dans un futur lointain sur une nouvelle planète, After Blue, où les hommes n’ont pas survécu, emportés par une mystérieuse maladie relative au nouvel environnement. On y découvre Roxy, une jeune femme à la silhouette frêle et aux cheveux blonds peroxydés. Persécutée par les autres filles qui la surnomment Toxic, elle déterre sur une plage une dangereuse criminelle, qui en profit pour s’échapper et tuer tout le monde sur son passage. Tenues pour responsables de ce massacre, Roxy et sa mère Zora sont bannies et condamnées à traquer la meurtrière au confins des territoires surnaturels de la planète.
Dans Les enfants sauvages, Bertrand Mandico dévoile un univers unique, qui peut autant envoûter que laisser sur le carreau. Le réalisateur passe du noir et blanc à un film aux couleurs chatoyantes et à la palette ultra colorée (bien que limitée). Pensé et mis en scène comme un amoncellement de véritables tableaux, After Blue déploie son récit qui prend la forme d’un western féminin aux figures fortes : Kate Bush, la grande méchante de ce récit, l’électrisante Stenberg jouée par Vimala Pons ou encore la douce Roxy interprétée par Paula Luna. Sauf que tout ce petit monde a bien du mal à cohabiter dans un film assez bancal.

Derrière ses couleurs saturées, le scénario tourne rapidement en rond. La faute peut-être à un film trop long pour ce qu’il souhaite raconter. On se complaît à observer les aventures et l’évolution des personnages mais l’action semble se resserrer sur quelques décors. Là où Les garçons sauvages nous emmène aux quatre coins de l’île, After Blue se contente de quelques décors pour planter son histoire si bien qu’on en ressort frustré·e tant la beauté de certains plans nous laissent imaginer bien d’autres contrées. Le film nous est raconté du point de vue de Roxy, un choix intelligent lorsqu’on comprend qu’il s’agit avant tout de découverte et de développement personnel, mais le réalisateur choisit de faire intervenir cette dernière face cam pour nous expliquer ce qui s’est passé, une rupture de ton dans l’histoire qui n’a finalement pas l’effet escompté, alourdissant au passage son récit.
De ce paradis sale on se remémore ce qui nous avait déjà déplu dans Les garçons sauvages : un trop plein de métaphores sexuelles pas toujours bienvenues, frôlant (probablement volontairement) avec l’absurde, l’excentricité et le vulgaire. Et même si l’approche des corps et des fluides est loin d’être inintéressante, elle finit par rebuter tant l’ensemble parait pompeux et vain.
Décidément Bertrand Mandico aime surprendre et diviser. Si on n’adhère toujours pas à ce trip gluant et ultra saturé, on peut bien lui reconnaître une patte unique et osée.
After Blue (Paradis sale) de Bertrand Mandico. Avec Elina Löwensohn, Paula Luna, Vimala Pons… 2h07
Sortie le 16 février 2022