En quelques années, Virginie Efira s’est imposée comme l’une des meilleures actrices de sa génération, réussissant à naviguer entre les genres avec une facilité et un talent déconcertant·es. Cette année encore semble son année. Après la sensation Benedetta au dernier Festival de Cannes, nous allons bientôt la retrouver dans le nouveau film de Guillaume Canet, Lui, et on finira l’année en sa compagnie avec Madeleine Collins.
Judith mène une double vie. D’un côté en Suisse avec Abdel, avec qui elle élève une petite fille prénommée Ninon ; de l’autre en France avec son mari Melvil, avec qui elle élève deux garçons plus âgés. Cette double vie, personne n’est au courant. Son travail de traductrice pour une ONG lui permet de faire croire à l’un comme à l’autre qu’elle est obligée de régulièrement se déplacer pour exercer son métier. Malgré les difficultés, Judith semble être habituée à ce mode de vie mais les évènements s’enchaînent et se chevauchent, et l’équilibre précaire qu’elle s’était crée est en train de vaciller. Que faire ? Qui est-elle vraiment ? Qui veut-elle devenir ?

Que dire sur Madeleine Collins sans en dévoiler un seul petit morceau ? C’est un film que le/la spectateur·ice doit appréhender dans sa globalité, d’autant plus que le scénario est d’une intelligence folle. Antoine Barraud prend un malin plaisir à nous perdre sur plusieurs pistes. Là où certain·es se contenteraient de nous balancer toutes les infos d’un coup histoire de nous assommer, il aime nous donner une info à la fois histoire qu’on recompose le puzzle sans forcément savoir vers où on se dirige. Toutes les possibilités sont imaginables jusqu’à ce que le couperet tombe. C’est intelligent en plus d’être tellement intriqué qu’il arrive à nous tenir en haleine jusqu’à la dernière seconde.
Mais ce qui est d’autant plus intéressant ici c’est la double lecture qui peut être faite du personnage de Virginie Efira. D’un côté celui de la folie. Sans vous dévoiler les détails, on peut dire que le film dépeint la double vie d’une femme qui, en s’enfonçant dans ses mensonges, perd pied quitte à ne plus savoir qui elle est vraiment. D’un autre côté, on peut le voir comme un film sur l’amour. Un amour pluriel mais aussi une femme qui essaie de se dépatouiller comme elle peut en voulant aimer tout le monde quitte à se faire mal et, par conséquent, faire du mal à celleux qu’elle aime.
Est-ce que l’amour ne serait pas de la folie au fond ? Antoine Barraud dresse avec Madeleine Collins un portrait de femme complexe animée par l’amour quitte à bousculer toutes les conventions pour arriver à ses fins. Brillant et touchant.
Madeleine Collins de Antoine Barraud. Avec Virginie Efira, Bruno Salomone, Quim Gutiérrez… 1h42
Sortie le 22 décembre