Cinq ans après le décès de Simone Veil, véritable figure qui s’est battue contre les injustices, Olivier Dahan s’est dit que c’était une bonne idée d’en faire un biopic et de proposer à Elsa Zylberstein d’y participer sous les traits de l’ancienne Présidente du Parlement européen. Comme quoi, le cinéma français aura toujours de quoi nous surprendre.
Simone, le voyage du siècle retrace toute la passionnante vie de Simone Veil de son enfance dans la maison de vacances à la Ciotat en passant par sa déportation à Auschwitz avant d’entamer la brillante – non dénuée d’obstacles, sexe féminin oblige – carrière qu’on lui connaît en politique. Le projet est ambitieux, un peu à la hauteur du personnage. Pourtant dès les premières minutes on sent qu’on va passer un très mauvais moment.
Des paysages idylliques, une musique au violon à faire rougir Renaud Capuçon et là, le visage de Simone Veil. Enfin celui d’Elsa Zylberstein recouvert d’un bon kilo de prothèses pour qu’elle épouse ses traits. Dès lors, on essaie de savoir si c’est convaincant ou risible. Ridicule que de voir l’actrice se débattre sous ses prothèses pour feinter un tant soit peu d’émotions. Qu’elle rie, pleure ou hurle, rien ne bouge. Un hommage aux frères Bogdanov, peut-être – sauf leur respect – ? Le film surprend Rebecca Marder épouse les traits de Simon Veil jeune, et offre une partition tout en délicatesse et en force de caractère. Toutes ses apparitions à l’écran nous ravisset tandis qu’on soupire dès que la mère Zylberstein réapparaît.
Olivier Dahan ne fait pas énormément d’efforts pour qu’on tire quelque chose de positif de sa proposition, le budget orchestre symphonique égalant probablement le budget prothèses. On vous laisse tout le loisir de compter le nombre de zooms sur fond de violon ou de piano (ou pire, un combo des deux), couplés pour notre plus grand bonheur à des fondus sur d’autres visages. T’as compris, faut bien montrer quand ça va pas et que le monde est contre elle. Vous pensiez sauver les meubles avec une histoire passionnante comme l’était la vie de Simone Veil ? À la place, on reçoit un montage à la truelle qui accompagne tout ce qui ne va déjà pas en découpant de manière assez mystérieuse l’histoire, s’amusant à faire des bonds en avant et en arrière sans arrêt, et sans aucune logique. Le summum du ridicule est probablement ce moment où Simone Veil répond aux questions d’un journaliste pour évoquer sa vie dans les camps et qu’on se retrouve à l’écran avec sa jeunesse. Une sensation désagréable d’être piégé sur un plateau de jeu de l’oie – ou ici, d’un Mario Party mal codé – qui nous fait reculer à chaque case prise.
Il devient difficile de s’impliquer et de ressentir une quelconque empathie, laissant plutôt place à une certaine colère et amertume quand on connaît le parcours de Simone Veil. Une femme admirable qui a toujours aidé son/sa prochain·e en son temps, et a fait son leitmotiv de combattre avec pudeur les injustices. Olivier Dahan semble avoir oublié ce qu’elle était et ce qu’elle représentait, et ce n’est certainement pas cet exercice filmique ridicule, sensationnaliste et pathos qui saura lui rendre hommage.
Décalé pour la fin de l’année, Simone, le voyage du siècle pourrait même ne jamais sortir sur grand écran qu’on ne le regretterait pas. Passant totalement à côté de son sujet à savoir “Qui était Simone Veil ?”, le biopic d’Olivier Dahan est d’une platitude sans nom. Quitte à s’informer sur cette grande dame, traînez donc sur Youtube pour glaner les documentaires qui sont bien plus intéressants.
Simone, le voyage du siècle d’Olivier Dahan. Avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Élodie Bouchez… 2h
Sortie le 12 octobre