L’universalité des doutes sentimentaux ne peut que perpétuer une même vague de films romantiques où quelques personnes sauront se reconnaître, chef d’œuvre de sensibilité comme Her ou navet comme * insérer téléfilm random de l’après-midi *. La proposition d’ Ich bin dein mensch (aussi sorti sous sa traduction I am your man) ne manque pas d’intérêt, même si elle ne s’avère pas pleinement originale. Ce film allemand suit Alma, scientifique qui doit tester les capacités de Tom, robot à l’apparence humaine qui fait tout pour la séduire étant donné que c’est son unique objectif de vie.
L’ouverture du film s’avère amusante dans sa recréation de lieu de séduction tout en amenant cette interrogation des relations de couple à l’heure du virtuel. Évitant le boomerisant d’un Black Mirror auquel on pense durant ces premières minutes, Ich bin dein mensch pose des bases intéressantes. Face au vide amoureux de nombreuses personnes, la solution pour combler ce mal-être affectif semble ne pouvoir venir que par la technologie. Si elle s’inscrit dans un rapport relationnel habituel aux histoires du genre (l’opposition avant l’affection), les doutes permanents d’Alma nourrissent un contrepoint assez pertinent pour amener une forme de nuance au propos de départ.

Rapidement, Ich bin dein mensch se plonge dans une structure romantique commune mais néanmoins efficace, en particulier grâce à l’alchimie entre Maren Eggert et Dan Stevens. Ce dernier apporte un bagout intéressant dans sa prestation, sachant équilibrer son interprétation pour apporter du cœur à ce robot amoureux en quête de sens. On en profite pour souligner son excellent allemand, de quoi apprendre que l’acteur parle couramment cette langue (ce qui n’est pas intéressant cinématographiquement mais le devient quand on apprécie le charme plutôt chaleureux de l’acteur britannique). Cette relation se développe avec beaucoup de lieux communs mais cela ne l’empêche pas de traiter, par le fil, un peu plus ses questionnements avec une appréciation assez colorée.
Ce sentiment passe également par une luminosité assez claire, entre factice apparent de la séquence d’ouverture et un quotidien assez lumineux. Cela apporte aussi bien une forme de légèreté visuelle qu’un apport sur un train-train journalier où se trouvent sublimés des instants à priori insignifiants mais rapidement poétiques. La mise en scène se révèle à l’image du long-métrage entier : peu surprenante mais prenant assez à bras son histoire pour apporter une subtile douceur plutôt réjouissante dans son cadre connu. Cette volonté de ne pas tomber dans le surlignage visuel et de préférer se mettre en retrait convient d’ailleurs bien au ton plutôt tranquille qu’adopte sa narration.

Sans bousculer les attentes ou se démarquer par son traitement narratif ou visuel, Ich bin dein mensch n’en est pas moins muni d’un charme certain. C’est cette affectivité appuyée pour ses personnages qui nous rend cette jolie romance grandement sympathique, parvenant à fonctionner par sa manière d’approcher son sujet ainsi que sa légèreté d’ensemble, grandement appréciable. Pour notre part, on ne serait pas contre tester un robot s’il s’avère aussi affable, drôle et touchant que Tom…
Ich bin dein mensch, de Maria Schrader. Écrit par Maria Schrader et Emma Braslavsky. Avec Maren Eggert, Dan Stevens, Sandra Hüller… 1h42
Sorti le 22 juin 2022