Tout a commencé pour le père de Kamal Aljafari lorsque sa voiture a été victime trois fois de jets de pierres. Agacé et ne connaissant pas l’auteur.ice de ces faits, il décide d’installer une caméra en face de la portion de route où se trouve sa voiture. Alors que son but premier était de capturer les images du/de la coupable, la caméra finit par capturer quelque chose de beaucoup plus grand et universel : la vie d’une communauté. Notre intérêt n’est plus tant de savoir qui caillasse la voiture mais de connaître les moindres détails de ce quartier qui vit sous nos yeux.
Les images filmées servent m de support à une narration qui nous renvoie à l’époque du muet. Des personnages qui déambulent, des mouvements saccadés, une image tremblotante et des encarts qui viennent nous donner des indications sur ce qui se déroule sous nos yeux et connaître ainsi les différent.e.s protagonistes de cette histoire. Le cinéaste se permet quelques écarts de chronologie et quelques manipulations (zoom, superpositions, avances rapides…) pour nous narrer un quotidien. Celui d’un peuple palestinien sur fond de guerre politique toujours d’actualité. Cependant le film ne s’aventure jamais dans cette voie, préférant donner des allures presque poétiques lorsque les images s’entrechoquent avec des musiques ou par la voix de la nièce de Kamal qui décrit ce qu’elle voit à l’écran.
Le film souffre cependant de son côté très décousu qui a de quoi dérouter, d’autant que le procédé narratif s’essouffle rapidement. Un rythme très inégal qui n’aide définitivement pas le métrage. On peut cependant reconnaître au réalisateur une démarche (trop ?) personnelle : ces images n’ont jamais été vues depuis qu’elles ont été tournées du fait de la mort du patriarche il y a quelques années et les revoir, ainsi que les mettre en scène, permet à Kamal de s’offrir une dernière connexion avec son père. Une démarche louable et touchante même si sur grand écran la sauce ne prend pas toujours.
An unusual summer est un film inhabituel. Une proposition différente et personnelle qui mérite le coup d’œil de par sa démarche intimiste.
An unusual summer de Kamal Aljafari. 1h20