Dix ans après Agua fría de mar, Paz Fábrega fait son grand retour avec Aurora, un drame intimiste et d’une douceur folle sur deux femmes : l’une sur le point d’être mère et l’autre qui ne rêve que de ça.
En plus de son travail en tant qu’architecte, Luisa propose des ateliers créatifs à des jeunes. Parmi eux, Julia, 17 ans, qui découvre qu’elle est enceinte. Une grossesse non voulue dans un pays où l’avortement est malheureusement illégal. Prise de compassion, Luisa prend Julia sous son aile afin de l’aider au mieux dans ses démarches, prenant ainsi le rôle d’amie, de sœur et aussi de mère. Cependant ces frontières se brouillent rapidement au fur et à mesure que Luisa se prend d’affection pour la jeune fille.
La législation concernant l’avortement est floue – comme pour une majorité des pays d’Amérique du Sud. L’interruption de grossesse n’est autorisée que lorsqu’il y a danger pour la vie ou la santé de la femme enceinte. Résultat, bon nombre de femmes se font avorter encore clandestinement ou mettent leur enfant à l’adoption. Julia n’a que 17 ans et ne connaît rien en ce qui concerne la contraception lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte de cinq mois. Impossible pour elle d’en parler à sa famille alors c’est sa professeure qui prend le relai, l’emmène voir des spécialistes et s’occupe d’elle alors qu’elle développe un amour et une dépendance de plus en plus importants. C’est là que se dessine un autre visage de Luisa : cette femme pleine de vie avec les jeunes qu’elle côtoie lors de ses ateliers est en fait une femme terriblement seule. Son compagnon est rarement là, son appartement est terne, vidé de toute vie et on peut l’observer silencieusement en train d’effectuer une chorégraphie, un pas après l’autre tout au long du film. Ce n’est pas tant le parcours houleux de Julia que nous suivons mais peut-être avant tout celui de Luisa. Une femme avec des rêves et qui doit laisser partir Julia pour leur bien à toutes les deux.
Aurora est empreint d’une douceur incroyable. Tout est en subtilité, que ce soit les quelques dialogues, les regards ou encore les gestes. Paz Fábrega filme avec énormément d’empathie ses personnages. Pas étonnant que la réalisatrice ait gagné il y a de cela dix ans tant sa façon de filmer est poétique, espérons que cette année elle brille de nouveau avec ce drame contemporain.
Aurora de Paz Fábrega. Avec Rebeca Woodbridge, Raquel Villalobos, Liliana Biamonte… 1h32