Sur la quarantaine de films présentés cette année à l’IFFR, nous n’avons pu en voir qu’une bonne vingtaine et malgré la qualité indéniable de la sélection cette année, certains n’étaient malheureusement pas à la hauteur. Retour sur ces films qui ne nous ont pas vraiment convaincu·e·s.
The North Wind – Renata Litvinova
Tout est réuni pour en faire un film atypique et réussi : un propos féministe avec la matriarche à la tête du clan, un drame familial et une ambiance rétro-gothique qui flirte avec le film d’horreur. Pourtant tous ces ingrédients se mélangent probablement aussi bien que l’eau et l’huile. Chaque année au Nouvel An, le clan familial se réunit autour de Margarita, mais cette année est signe de drame : sa belle-fille meurt dans un accident d’avion. Partant de là, c’est un drame familial qui se dessine et s’étend sur plusieurs années. Les années passent, la maison dépérit mais chaque membre revient perpétuellement en attendant ce je-ne-sais-quoi qui redonnera un sens à la vie de chacun. La mise-en-scène quasiment théâtrale est maîtrisée, l’esthétique est sublime, ce côté morbide/bizarre également mais la mayonnaise ne prend pas. Ça s’étire indéfiniment en longueur si bien que lorsqu’on pense enfin s’accrocher à quelque chose on finit par lâcher prise, lassé de revoir sempiternellement les mêmes scènes.
Feast – Tim Leyendekker
Le postulat de départ est absolument fascinant – tout comme il est dérangeant – : Dans la ville de Groningen, de nombreux hommes droguaient et injectaient du sang contaminé par le SIDA à des gens lors de fêtes. Un fait divers sordide sur lequel le réalisateur s’appuie pour développer une théorie filmée sur l’amour, le sexe et la drogue. De nombreuses personnes s’expriment dans un espace qui leur laisse toute la liberté d’expression possible et imaginables et c’est bien là le problème. À ne rien cadrer, ça devient juste un enchaînement de témoignages sans saveur, l’impression de regarder un documentaire de début d’après-midi qui se contente d’asseoir ses témoins face caméra. Le film qui ne dure qu’1h24 semble durer une éternité pour ne pas raconter grand chose.
Pebbles – Vinothraj P.S.
Une mère de famille qui a fui la maison suite aux violences répétées de son mari, un petit garçon qui déchire de colère les billets qui servaient à payer le bus et une longue traversée à pied de 13km à travers les champs désertiques indiens… Et c’est à peu près tout. Film le plus court de la compétition, il s’efforce à nous dépeindre une relation chaotique. Une figure paternelle alcoolique suivie par une caméra en mouvement constant face à un petit garçon mutique, seul point d’ancrage du film. Malgré la très bonne utilisation de la steady cam et une mise-en-scène qui souligne à merveille ce pays et les émotions de chacun, le film n’arrive jamais à décoller émotionnellement.
The dog who wouldn’t be quiet – Ana Kats
Il nous fallait bien un film sur une pandémie dans cette sélection et c’est le très original The Dog Who Wouldn’t Be Quiet qui porte cette étiquette cette année. Le film suit tout d’abord notre personnage principal Sebastián à travers plusieurs moments de sa vie dans un magnifique noir et blanc jusqu’à ce que le monde soit touché par une étrange pandémie : un virus dans l’air contraint les gens à porter un casque pour leur permettre de respirer tandis que ceux qui ne peuvent pas se le payer sont obligés de ramper constamment. La réalisatrice l’assume pleinement, c’est un film qui se laisse davantage porter par les émotions que par une structure narrative. Tandis que certaines scènes très poétiques nous crèvent le cœur et d’autres plus intenses qui réussissent à refléter l’angoisse qui plane sur la société pendant cette pandémie, le reste vacille dans une contemplation qui finit par nous perdre. Le film semble manquer de finition, comme s’il manquait des scènes pour conclure l’arc narratif du personnage principal. Plus expérience sensorielle qu’œuvre à message (alors que le sujet s’y prêtait), The Dog Who Wouldn’t Be Quiet peine à s’élever et à intéresser.