[INTERVIEW] Giorgio Cantarini : “Nous sommes toujours en contact avec Roberto Benigni”

En 1998, le monde découvrait La Vie est belle de Roberto Benigni. Rapidement érigé au rang de chef-d’oeuvre, le film récompensé par l’Oscar du meilleur film étranger était surtout porté par un duo d’acteurs drôles et attendrissants composé du réalisateur du film et  d’un tout jeune garçon d’à peine cinq ans : Giorgio Cantarini. A l’occasion du Vincennes Film Festival qui célèbre cette année le cinéma italien, l’acteur désormais âgé de 25 ans est venu pour présenter et nous parler de La vie est belle. Onsefaituncine a rencontré le jeune homme, l’occasion de revenir sur ses souvenirs de tournage, sa relation avec Roberto Benigni et le cinéma italien. 

– Voilà presque 20 ans que La vie est belle est sorti sur grand écran. Est-ce que vous l’avez revu depuis ?
Oh oui je l’ai revu beaucoup de fois.

– Et qu’est-ce que vous ressentez à ce moment-là ?
C’est un peu bizarre. J’ai vu le film plusieurs fois en grandissant et à chaque fois que je voyais le film, j’ai noté une chose différente. Je ne connaissais pas les thèmes de la guerre, du nazisme… Maintenant que je suis adulte c’est bizarre parce que je ne me rappelle pas de ce gamin. Mais c’est très beau, c’est un très beau film et je trouve que j’étais un bon comédien (rires) !

– Comment vous-êtes vous retrouvé sur ce projet ?
Quand on cherche un enfant pour faire un film on met une annonce dans le journal. Donc à cette époque il y avait une annonce dans le journal de la ville où se tournait le film comme quoi ils cherchaient un enfant. Mon oncle a vu l’annonce et trouvait que la description faite dans l’annonce me correspondait beaucoup. Il a appelé ma mère en lui disant : “Tu dois emmener Giorgio à l’audition parce que c’est exactement la même description” et nous y sommes allés. Il y avait pleins de gamins. J’ai fait une première audition, des photos puis j’ai rencontré Roberto Benigni et sa femme Nicoletta Braschi et après plusieurs auditions j’ai finalement été pris.

– Les thèmes abordés dans le film sont très durs et violents. Est-ce qu’à l’époque du tournage, vous aviez conscience du poids de cette période de l’histoire ?
Je ne m’en rendais pas compte mais Roberto et ma mère m’ont expliqué l’histoire comme une histoire qu’on raconterait à un enfant. Il y avait d’un côté les hommes gentils et de l’autre les méchants et moi j’étais du côté des gentils. Il m’a dit que c’était une histoire vraie mais je n’avais pas conscience que les thèmes étaient si douloureux.

– Est-ce qu’il y a une ou plusieurs scènes qui vous ont marqué ? Dont vous avez encore des souvenirs aujourd’hui ?
Je me rappelle surtout des scènes les plus fatigantes. La scène tournée en pleine nuit à la fin du film lorsque les Allemands quittent le camp lorsque les Américains sont sur le point d’arriver. On a tourné de nuit et je n’avais que 5 ans à l’époque. Normalement à cet âge-là les enfants dorment ! Je devais tourner et c’était très fatigant. Je me rappelle même être parti dormir avec la tenue que je portais pour la scène.

– Comment s’est passé la collaboration avec Robert Benigni ? Est-ce que vous êtes toujours en contact ?
Ca s’est très bien passé. Lui et sa femme étaient vraiment gentils, protecteurs et affectueux avec moi. On est toujours en contact par téléphone surtout. Je ne l’avais pas vu pendant 10 ans et l’année dernière on s’est revu deux fois. Je vais bientôt aller aux Etats-Unis pour qu’il me signe des lettres de recommandation. On a de très bons rapports. Par exemple j’ai tourné un court-métrage cette année et je lui ai envoyé pour avoir son avis et il m’a appelé pour me féliciter.

– Le film a été un succès fulgurant sur tous les plans jusqu’à la consécration suprême aux Oscars acec le prix du meilleur film étranger. Comment est-ce qu’on gère toute cette attention médiatique quand on est si jeune ?
Je ne m’en rappelle pas vraiment mais je sais que le film avait touché beaucoup de monde, ma mère m’en parlait. Elle me disait que c’était un grand film, qu’il devenait célèbre et j’étais content mais mes parents ont toujours voulu éviter que je me fasse “manger” par les journalistes. Ils faisaient très attention qu’il n’y ai pas trop de gens autour de moi. Par exemple si j’allais dans un parc où il y avait du monde il y avait forcément quelqu’un qui me reconnaissait et qui disait “Oh mais c’est le gamin de La vie est belle !” du coup les gens se rassemblaient autour de moi et demandaient des autographes et des photos. En tant qu’enfant je n’aimais pas avoir toute cette attention sur moi.

– On vous a ensuite vu aux côtés de Russell Crowe dans Gladiator en 2000 puis plus rien côté cinéma. Pourquoi ?
Mes parents ont voulu que je me consacre d’abord à mes études et sur le sport pour conduire une vie normale car continuer ma vie d’acteur signifiant changer de ville, partir à Rome, ne plus aller à l’école… J’étais énormément demandé pour des émissions, des publicités, des programmes et mes parents m’ont protégé de ça et je leur en suis reconnaissant.

– Vous êtes diplômé du Centre expérimental du cinéma à Rome félicitations ! Est-ce qu’on serait face à un futur réalisateur ?
J’aime être comédien mais être réalisateur est quelque chose qui m’attire aussi. Ca reste un rêve pour l’instant car déjà être acteur c’est pas facile alors les deux c’est encore plus difficile. J’ai tourné un court-métrage avec ma copine et c’est vraiment quelque chose que je voudrais apprendre.

– Cette année à Vincennes nous célébrons le cinéma italien de Vittorio de Sica à Luchino Visconti. A votre avis, quelle est la particularité du cinéma italien ? Quel est le petit truc en plus ?
Je pense qu’il y a deux choses. Parfois on peut les retrouver toutes les deux dans un film et parfois non ça dépend. Tout d’abord le réalisme. Le cinéma italien parle du peuple, il filme la réalité, la politique, la société telle quelle. Il arrivait souvent qu’on tournait avec des gens qui n’étaient même pas professionnels. D’un autre côté il y a la poésie. Fellini disait que le film était toujours un rêve.

– Et enfin la question “Onsefaitunciné” : si nous devions aller au cinéma, quel film voudriez-vous nous montrer et pourquoi ?
J’en ai plusieurs mais celui qui m’est le plus cher est The Graduate (Le Lauréat en français) car j’adore Dustin Hoffman c’est un de mes acteurs préférés et que j’aime énormément le réalisateur Mike Nichols.

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