“La Nonne”, réalisé par Corin Hardy est le cinquième film de la saga Conjuring. Dans cet épisode, on quitte les Etats-Unis pour se rendre en Roumanie, où le suicide d’une jeune nonne dans une abbaye reculée alerte les autorités religieuses. Pour enquêter sur cette affaire mystérieuse, le Vatican décide d’envoyer un prêtre qui sera épaulé par une jeune novice. Ils découvriront que les lieux sont hantés par une puissance démoniaque.
Si le cinéma hollywoodien s’est franchisé ces dernières années avec les films de super héros, ce mal a toujours touché les productions horrifiques. “La Nonne” est le troisième spin off d’une saga qu’on peut dorénavant appeler The Conjuring Universe. Et si les aventures des époux Warren pouvaient avoir un intérêt, insufflant un nouveau élan dans les films de hantise, les déclinaisons font figures de coquilles vides. Ici, on suit l’enquête du père Burke et de la jeune sœur Irène dans une abbaye de Roumanie quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale. Dans ce lieu de recueillement, est retrouvé le cadavre d’une nonne s’étant suicidée, chose normalement impensable pour une religieuse. Les deux protagonistes seront guidés par un Québecois sur ces terres maudites où rode une présence maléfique. Avec un pitch pareil, on pourrait s’attendre à un film à l’esthétique gothique, distillant une ambiance glaçante. Mais il n’en est rien. Si les décors sont plutôt convaincants, ils ne sont jamais sublimés par une mise en scène préférant plutôt faire la part belle aux jump scares sans surprises. Le gimmick de réalisation qui consiste à jouer avec le hors champ est toujours utilisé de la même façon et minimise donc l’impact des scènes horrifiques. Reste tout de même quelques utilisations intéressantes de l’imagerie religieuse, notamment avec cette marche d’une armée de nonnes fantômes.
A la fin du long métrage de Corin Hardy, le constat est plutôt négatif. On ne peut que déplorer la façon dont sont traitées les thématiques abordées. Les traumas des personnages ne serviront que pour faire avancer l’intrigue et ajouter des scènes d’effrois mais jamais pour creuser leur psychologie, si bien qu’on a l’impression de ne jamais connaître les protagonistes. Là où le récit aurait pu être une métaphore des fantômes de la seconde guerre mondiale et du choc subi par la population, ou même une réflexion sur le matriarcat, le film s’évertue à raconter une histoire de hantise assez vaine, où les enjeux sont bâclés et balancés sans trop savoir quoi en faire. Les incohérences se multiplient, et on a l’impression d’être floué par ce qui s’annonçait comme « l’origin story » du démon Valak, figure emblématique de la saga Conjuring. Et même si la réalisation classique évite les fautes de goût, on préférera revoir « La Dame en noir », qui avait su distillé de façon plus habile une atmosphère gothique, rappelant les grands films de La Hammer d’antan.
“La Nonne” est vraiment le prototype du film d’horreur post Blumhouse. Pour rappel, c’est cette société de production qui a sorti les Paranormal Activity et plus récemment Get Out, et qui tend à rendre les cauchemars sur grand écran visible par le grand public. Malheureusement, ce nivellement par le bas donne des produits dont le marketing est parfois plus intéressant à suivre que le résultat final. Une production horrifique n’a pas pour obligation de faire peur, mais demande au minimum de raconter une histoire viable se reposant sur une atmosphère viscérale, ce que le film n’arrive pas à faire sur la longueur, uniquement par petites touches. Dommage.
La Nonne de Corin Hardy. Avec Taissa Farminga, Demian Bichir, Jonas Bloquet… 1h37
Sortie le 19 septembre