– Qu’est-ce qu’on va voir au ciné ?
– Ben chais pas, on a qu’à aller voir L’Aventure des Marguerite
– Chouette, super, allons-y !
Nous sommes d’accord, cette conversation est surréaliste. Comment peut-on aller voir un film qui porte pareil titre ? (…) Trêve de médisance. Sommes-nous des vipères ? La réponse est NON, pas cette fois. Certes, nous ne retiendrons pas ce film dans l’histoire pantagruélique du cinéma français, mais L’Aventure des Marguerite a le mérite d’exister et de s’assumer, malgré un discret engouement que nous ne comprenons guère.
Le pitch de ouf
Marguerite vit en 1942 et Margot vit en 2019. Si l’une pleure l’absence de son papa chéri porté disparu, l’autre ne supporte pas son sympathique adulescent de beau-père (l’irremplaçable Clovis Cornillac). Au bord de la crise de nerf, la mère de Margot (Anne Charrier, que l’on ne voit que trop peu) les envoie tous les deux en séjour pour apprendre à cohabiter…
Jusqu’ici, vous sentez l’échange de vie à plein nez. Eh bien vous avez du pif car c’est exactement ce qu’il se passe. Les deux adolescentes possédant la malle magique d’un vieux tonton zinzin se retrouvent donc chacune plongée dans le monde de l’autre. Pierre Coré et Stéphane Kazadjian adaptent ainsi librement le livre de jeunesse de Vincent Cuvellier et Robin Le temps des Marguerite dans lequel deux jeunes filles de 12 ans se retrouvent chacune plongée dans l’époque de l’autre, en 1910 et en 2010.

Guiguite fait de la Résistance
Si l’on attend avec impatience le basculement temporel, les deux pré-adolescentes nous font vivre quelques moments cocasses qui ne manquent pas de nous faire sourire. Toute l’histoire repose ainsi sur le retour de Margot et de Marguerite dans leur époque respective. L’une tente de retrouver les traces de son père dans le futur tandis que l’autre part à la recherche du père adoré avec l’aide de la tante effarouchée, Alice Pol (vous suivez ?)… Courses poursuites, découvertes anachroniques et boutades adolescentes parsèment cette folle Aventure des Marguerite ; bien sûr, l’histoire est facile et les ficelles bien tirées (Ernest Hemingway en manque d’inspiration se voit aidé par Margot assez peu impliquée dans ses devoirs de lecture scolaire…) Bref, les ados sont toujours aussi bien caricaturés (snif.) : mention spéciale pour Nils Othenin-Girard, l’ami de Margot, qui incarne à la perfection la mollesse et la nonchalance prépubère. Enfin, notons la prestation de la jeune Lila Gueneau, s’amusant sans nous tromper à jouer la petite peste au bagou incroyable de notre époque et la jeune fille hardie du passé.

Soyons sérieux, L’Aventure des Marguerite plaira sûrement aux enfants (sûrement…) et à leurs (grands-)parents désireux de les divertir, si tant est que les enfants de 2020 soient encore intéressés par un long-métrage mignonnet rabâchant le programme d’histoire bien raccourci par les sempiternelles réformes et à mille lieues des stupidités virtuelles auxquelles ils sont exposés.
L’Aventure des Marguerite de Pierre Coré. Avec Lila Gueneau, Alice Paul, Clovis Cornillac, Nils Othenin-Girard… 1h26.
Sortie le 14 juillet 2020.