Existe-t-il plus grande satisfaction dans le cœur d’une personne aimant le cinéma qu’un long-métrage qui accumule des réussites à tous les niveaux ? On peut parler de la présence d’un·e réalisateur·ice de qualité, d’un·e scénariste aux dialogues en flammes, d’un casting tout simplement impeccable, etc. Le président et Miss Wade se situe dans ce genre d’œuvre qui, sans toucher à la perfection absolue, rassemble tout ce qu’il faut pour être un excellent film mais surtout parvient à incarner cet afflux de talent dans tous les registres. C’est ainsi que s’y joue une histoire d’amour entre le président américain et une avocate supportant un mouvement écologique, avec ce que cela implique comme remous privés mais surtout publics.
Une des raisons de l’intérêt permanent du film se situe dans l’alchimie entre la mise en scène de Rob Reiner et le scénario d’Aaron Sorkin. L’équilibre entre politique et romance se fait avec la maîtrise de deux talents de cinéma qui se complètent totalement. Il suffit d’un simple travelling ou d’un changement de point de vue pour souligner aussi bien la gravité de la situation politique que la légèreté comique qui sied d’un point de vue tonal. Cette balance se trouve inscrite dans une représentation lourde de sens du métier de président sans que le rôle ne soit amené à une perfection morale amenant au vide d’intérêt. On peut même avoir envie de découvrir The west wing (créée par Aaron Sorkin) après son visionnage, grâce à la gestion de ses rouages narratifs sur le traitement de la Maison Blanche et de son locataire.

Michael Douglas incarne en Andrew Sheperd l’homme derrière la stature, le mari perdu et tout simplement amoureux derrière une symbolique qui ne peut laisser entrevoir l’humanité. Son duo avec Annette Benning se fait extrêmement charmant, que ce soit lors d’une scène de marivaudage au téléphone ou encore dans leur confrontation d’idées. Les seconds rôles ne sont pas en reste tant ils supportent au mieux la fourmilière politique en fond du récit. On apprécie l’énergie d’un Michael J. Fox, la retenue d’un Martin Sheen ou bien la vilenie d’un Richard Dreyfuss en sénateur du camp opposé. Chacun·e apporte une forme d’aisance dans son jeu qui sied parfaitement à un ensemble tout simplement fabuleux grâce à l’habilité d’interprétation qui se dégage, multiples réappropriations de personnages par un casting totalement accompli.
On remercie Rimini d’avoir remis au goût du jour ce titre hautement qualitatif par sa manière de contrebalancer son fond politique et sa forme romantique dans une comédie aussi drôle qu’intelligente, rythmée avec autant de précision qu’une mise en scène subtile dans ses effets mais solide dans ses intentions. Le président et Miss Wade se fait jolie pépite de cinéma amoureux et conserve aussi bien son énergie que sa pertinence alors qu’il va sur sa 27e année. Ce monceau de talents à tous les étages s’installe comme une belle réussite, ce qui ne devrait pas nous surprendre mais nous fait néanmoins grandement plaisir.
Le président et Miss Wade de Rob Reiner. Écrit par Aaron Sorkin. Avec Michael Douglas, Annette Benning, Martin Sheen…1h55
Sorti le 13 décembre 1995