Rob Marshall n’était pas revenu sur le devant de la scène cinématographique depuis 2014 après son très moyen “Into the woods” sorte de comédie musicale fourre-tout où tous les contes se mélangent pour donner naissance à un film sans grand intérêt et kitsch au possible malgré un casting de qualité. Quatre ans plus tard, le réalisateur s’entour de nouveau notamment d’Emily Blunt pour “Le retour de Mary Poppins”. Au même titre que “Jean-Christophe et Winnie” sorti fin octobre, “Le retour de Mary Poppins” est une suite du “Mary Poppins” de 1964 et s’inscrit définitivement dans une logique nostalgique tout en essayant de toucher petits et grands. Mais alors est-ce que la magie a opéré ?
À l’instar d’un “Jean-Christophe & Winnie” qui se destinait bien plus aux adultes ayant grandit avec ces personnages de par ses tons maussades et son message, “Le retour de Mary Poppins” rend un vibrant hommage à son aîné avec une histoire originale se rattachant quand même à l’original : ici les enfants Michael et Jane Banks ont bien grandit et traversent des épreuves compliquées entre une maison sur le point d’être saisi et la disparition tragique de la femme de Michael le laissant gérer seul leurs trois enfants Annabel, Georgie et John. C’est à ce moment-là que Mary Poppins décide de ré-apparaître dans leur vie pour redonner joie et optimisme à leur existence avec notamment l’aide de Jack l’allumeur de réverbères ou encore sa cousine Topsy.
S’attaquer à un monument tel que Mary Poppins est risqué autant sur le fond que sur la forme. Force est de constater que Rob Marshall accompagné de David Magee au scénario (“L’Odyssée de Pi”) s’en sort à merveille dans cette suite reprenant le même esprit que l’original. Les adultes se reconnaitront dans les personnages de Michael et Jane tandis que les plus jeunes dans ceux d’Annabel, Georgie et John. Véritable conte multi-générationnel, “Le retour de Mary Poppins” nous offre amour et gaieté à profusion dans une période qui – soyons honnêtes – en a bien besoin. Sans pour autant occulter les problèmes que peuvent rencontrer les adultes (le deuil, la crise économique…) le film n’en est pas pour autant handicapé (comme aurait pu l’être “Jean-Christophe et Winnie” pour refaire un parallèle) et laisse place à une féerie bienveillante et salvatrice. Choix intelligent de la part de Rob Marshall de ne pas avoir modernisé les effets spéciaux pour garder l’empreinte nostalgique de son prédécesseur avec un aspect aussi classique de traditionnel – mais tout aussi efficace -.
Côté casting, la rafraichissante Emily Blunt succède à Julie Andrews (qui avait d’ailleurs une apparition prévue par le réalisateur, l’actrice ayant finalement décliné jugeant que le personnage appartenait désormais à Emily Blunt) dans les chaussures de la plus célèbre des nounous du 7e art. Au visionnage du film, il est flagrant de voir qu’il n’y avait qu’Emily Blunt pour incarner cette figure maternelle aussi réconfortante que marrante. Avec classe et humour, Emily Blunt offre un nouveau souffle au personnage de Mary Poppins à laquelle elle prête également la voix (et quelle voix) lors des passages chantés. À ses côtés, le premier grand rôle au cinéma pour Lin-Manuel Miranda habitué jusque là aux planches de théâtre et au papier et crayon lorsque ce dernier participe à l’écriture des chansons de “Vaiana; de quoi offrir un rôle de choix au comparse de Mary Poppins tout en allégresse et humour. On notera également la prestation de Meryl Streep dans le rôle de la cousine Topsy, l’une des séquences les plus décalées avec une Meryl Streep en roue libre absolue et c’est probablement ce qu’on préfère chez elle.
Cette fin d’année se décidément placée sous le signe de la chanson, de l’amour, de la bienveillance et de la tendresse avec “Le retour de Mary Poppins”, un film aussi tendre qu’il nous donne du baume au coeur. Luminomagifantastique !
Le retour de Mary Poppins de Rob Marshall. Avec Emily Blunt, Lin-Manuel Miranda… 2h11
Sortie le 19 décembre