Dans quatre jours sort en salles le feel-good movie pétillant et délicieux Les Crevettes Pailletées. À cette occasion, nous avons rencontré une grande partie de l’équipe du film et jusqu’à la sortie, nous vous proposons une interview par jour. Aujourd’hui, place au trio Roland Menou, David Baïot et Romain Brau qui reviennent sur cette aventure exceptionnelle.
Un mot pour décrire Les Crevettes Pailletées ?
Roland : La solidarité et la fraternité.
Romain : Ça fait deux mots ça !
Roland : Fraternité alors.
Romain : Donnez-moi une heure [rires].
On m’a proposé fou…
Romain : Oh non c’est nul fou. Non Les Crevettes Pailletées c’est bienveillant.
Roland : T’as dit quoi ?
Romain : Bienveillant.
Roland : C’est le mot que tout le monde utilise.
Romain : Oui mais c’est celui qui le qualifie le mieux.
[David Baïot arrive]
Quelle est votre première réaction lorsqu’on arrive avec un film dont le pitch est : une équipe de water-polo gay entraînée par un joueur de natation homophobe ?
Romain : Enfin !
Roland : La première réaction c’est “Comment je vais faire pour faire croire que je sais faire du water-polo et une chorégraphie”.
Les entraînements de water-polo étaient compliqués ?
David : Très.
Roland : C’est surtout le fait que ça passe à l’image donc on ne peut pas faire semblant. Voilà c’est la seule chose qui m’a un peu effrayé au début du projet.
Comment on travaille à neuf acteurs ?
David : On ferma sa gueule ! Non je rigole !
Roland : On a beaucoup travaillé à la table en amont. On a travaillé les rôles d’ailleurs il y a même un rôle qui a été supprimé. On s’est ré-approprié les personnages.
David : Et on s’est pas mal vus aussi pour les entraînements. On a travaillé en groupe pour essayer d’avoir une certaine harmonie. Et on s’est vu en Bretagne où on a fait un week-end d’intégration.
Romain : Ah la Bretagne !
Roland : C’est là-bas qu’on a clôt le scénario. On s’est dit qu’on n’y touchaient plus parce qu’à neuf il n’y a pas vraiment de place pour l’impro. Quand on parle tout seul on peut improviser d’ailleurs c’est ce que tu disais Romain…
Romain : Oui très rarement j’improvisais.
Roland : Lors des scènes où il nous entraînait pour la chorégraphie là il pouvait improviser.
Et avec les deux réalisateurs ça s’est passé comment ?
Roland : C’est très carré, beaucoup de répétitions.
Romain : Il fallait de la concentration et être efficace. On était souvent fatigués avec les entraînements et les conditions aussi qui n’étaient pas toujours favorables comme par exemple lorsqu’il y a eu des torrents de pluie, des scènes où il fallait courir de partout pour les différentes caméras, bref il fallait être concentré pour être efficace. C’était très intense. Du sérieux et du fun quand il le fallait.
Le film ne tombe jamais dans les stéréotypes et c’est ce qui fait véritablement sa force. Chaque personnage a une personnalité bien à lui…
Roland : Ah mais vous avez un super casting devant vous. Enfin un film qui donne sa place aux jeunes talents, pas de gros noms bankable et ça montre une vraie motivation et de la sincérité dans la démarche du film. Vu qu’on est neuf on respecte aussi beaucoup les zones de chacun. Un beau casting avec des gens différents, des physiques différents…
C’est ce qui vous a attiré aussi dans le film, le fait d’avoir un casting aussi hétéroclite ?
Romain : Bah oui imagine que des pédés à barbe musclés. C’est pas du tout ça l’idée. Quand on parle de drogue c’est la fête, c’est pas une drogue sale liée au sexe, à la dépression…
Roland : Parce que le sexe c’est sale ? [rires]
Romain : Non mais tu vois aujourd’hui il y a un vrai problème et on fond dans une sorte de drogue vraiment sale. Et justement ce film défend tous les côtés positifs et tire tous les thèmes du film vers le haut.
On en parlait justement avec Cédric Le Gallo (un des réalisateurs du film) du fait que les comédies aujourd’hui sont là pour rire de quelqu’un au lieu de rire avec eux. Les Crevettes Pailletées c’est le fiel-good movie où on a envie de vous suivre et de se marrer avec vous.
Roland, Romain et David [en même temps] : En fait… [rires]
Les trois en même temps !
Romain : So cute !
David : C’est parce qu’on est tous différents en fait. Les spectateurs peuvent ainsi se reconnaître en chacun d’entre nous et je pense que c’est pour ça qu’ils ont envie de voyager avec nous.
Roland : Et le fait qu’ils soient gays et qu’ils aillent aux Gay Games c’est un décorum mais ça pourrait tout aussi bien être une équipe de foot de jeunes filles ou des vieux qui partent à Lourdes… C’est un groupe qui a un but, qui doit aller quelque part, ils sont amis et c’est pour ça que ça parle à tout le monde. C’est pas un film militant, c’est pas un film gay même s’il y a un message derrière évidemment.
David : C’est un film de potes en fait.
Malgré le côté feel-good, le film n’évite pas les conflits lorsque par exemple Joël (Roland Menou) refuse d’abord que Fred (Romain Brau) intégrée l’équipe du fait de sa transexualité. On se rend compte qu’il y a aussi de l’intolérance dans la communauté LGBT.
Roland : Mais il y a de l’intolérance comme dans tout groupe au final. Que ce soit la politique, le sport…
Romain : Transphobie, sérophobie… On ne parle pas beaucoup de SIDA dans le film mais c’est quelque chose qui est très présent dans le milieu gay.
Quand on vit une telle aventure à onze, quel est le meilleur souvenir qu’on en garde ?
Romain : Beaucoup de fous rires.
David : De belles rencontres.
Romain : C’était l’été en plus donc on avait vraiment ce côté road-trip.
Roland : C’était les vacances même si c’était intense.
David : On était tous bienveillants. Quand on se sentit pas bien on avait toujours une épaule, quand on avait besoin d’aide pour le texte ou pour répéter, il y avait une vraie harmonie.
Roland : On s’est quand même pris de bonnes barres de rire. Et puis moi j’ai re-découvert l’Alsace ! [rires]
Et surtout c’est une aventure qui continue encore aujourd’hui, on le voit lors des avants-premières il y a une vraie alchimie entre vous tous.
Romain : Ça va être dur quand ça va s’arrêter.
David : C’est surtout qu’on a été énormément surpris par les avants-premières. On ne pensait pas recevoir un tel accueil.
Et de voir autant de profils différents venir voir le film…
David : C’est ça.
Roland : C’est vraiment de 7 à 77 ans.
On parlait du casting tout à l’heure. On a une vrai hétérogénéité dans ce casting mais aussi des acteurs plus expérimentés que d’autres.
David : Non. [rires]
Roland : Je ne vois pas de quoi vous parlez.
Comment on se nourrit de l’expérience de chacun ?
Roland : On s’est vachement aidés. [à Romain] Tu me posais souvent des questions en fait.
Romain : Oui c’est vrai.
Roland : Ceci dit, il y a un moment où tout le monde donnait son avis sur ce que faisait l’autre. Et honnêtement je n’en pouvais plus. On était déjà neuf et deux réalisateurs donc à un moment j’ai pété un câble. Je sais ce que je fais, j’ai un peu de bouteille, si je vais droit dans le mur vous me le dites mais là on ne peut pas dire un tel ou un tel “Tu devrais faire ça”.
Romain : C’est vrai j’avais oublié ça.
David : Mais comme je le disais on savait qu’on avait un soutien et on savait dans quoi on se lançait.