Il y a ce petit quelque chose qui m’a toujours attristé à propos de la saga danoise Les Enquêtes du Département V. Miséricorde, Profanation et Délivrance – les trois premiers volets – n’avaient pas eu la chance de connaître une sortie en salles malgré la qualité notable de ces films (et son succès au box-office danois). Dossier 64 subit également le même sort même s’il a la chance de sortir en e-cinema et ainsi être disponible au plus grand nombre; grand bien nous fasses je peux vous l’assurer car au vu de la qualité de cette saga, il serait dommage de passer à côté.
Pour clore la saga, le Département V se penche cette fois-ci sur la découverte macabre de trois squelettes cachés derrière le mur d’un appartement. Un crime déjà sordide d’apparence mais qui n’est que la surface d’une histoire qui s’avère être vraie. Entre les années 30 et les années 60, ce sont près de 11 000 danoises qui ont été stérilisé de force. Derrière cette sombre page de l’histoire danoise, Dossier 64 s’efforce d’évoquer des sujets bien actuels que ce soit le droit des femmes de disposer de leur corps – le film a été écrit avant la naissance des mouvements #MeToo… -, la montée des partis politiques extrémistes en Europe et leurs idéologies toxiques. C’est le cas ici avec Dossier 64 qui, derrière ses allures de thriller policier, pointe du doigt un système qui ne va peut-être pas aussi bien que ça.
D’ailleurs c’est dans son travail d’écriture que ce quatrième opus est clairement le plus réussi. Alternant les flashbacks et le présent, le film fait plusieurs parallèles entre la jeune Nete stérilisée de force à l’époque et la jeune Nour aujourd’hui qui vient se faire simplement avorter, reflet d’une société qui n’a finalement pas tant changé que ça en plusieurs décennies. À côté de cela, le film n’oublie pas l’autre enjeu important : celui du duo Carl/Assad qui est au plus mal puisqu’Assad a demandé sa mutation. Une décision qui jette un froid sur le duo qui en pâtit fortement. Depuis le début ce duo nous est plaisant à regarder, la ration good cop/bad top qui fonctionne toujours aussi bien se retrouve ébranlée et pousse Carl à une réflexion sur lui mais aussi sur son collègue et la relation qu’il a avec. On regrettera cependant une fin un poil mielleuse et peut-être pas digne d’une saga de cet acabit même si l’ensemble fonctionne à merveille.
Sur quatre longs-métrages, Les Enquêtes du Département V auront réussi le pari de nous proposer des films de qualité avec un véritable travail scénaristique derrière permettant au spectateur de s’accrocher de la première à la dernière minute et un trio aussi drôle que finalement complémentaire. Une qualité qui a su se maintenir tout du long et rien que pour ça c’est admirable. On dit que toutes les bonnes choses ont une fin, Les Enquêtes du Département V nous manqueront mais réjouissez-vous, les précédentes enquêtes sont toutes disponibles sur Netflix, l’occasion de les revoir encore et encore.
Les Enquêtes du Département V : Dossier 64 de Christoffer Boe. Avec Nikolaj Lie Kaas, Fares Fares… 1h58
Sortie le 7 mars en VOD
Complétement d’accord avec toi , heureusement que Netflix les diffuse c’est vraiment des adaptations très réussies.