On ne présente plus le génie du cinéma français Jacques Audiard qui a obtenu la Palme d’Or pour son film “Dheepan” en 2015. Trois ans plus tard, le metteur en scène fait son grand retour et obtient logiquement le Lion d’argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise.
En 1850, les Frères Sisters partent à la poursuite d’un chimiste du nom de Warm, traqué par le détective John Morris.
C’est la première fois qu’il met en avant des acteurs américains, et il le fait avec brio, sans oublier que le casting est luxueux. On peut compter Joaquin Phoenix, John Reilly, Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed, tous excellents. A vrai dire, les louanges sur le film sont mérités et elles pleuvent depuis ses premières projections, mais c’est extrêmement compliqué d’écrire sur un tel film, c’est de toute façon un film qui doit être vu. Jacques Audiard est au top de sa forme et livre un récit fascinant comme à son habitude, où la complexité de l’être humain dans un contexte de violence et de souffrance livre une part d’humanité.
En effet, les relations humaines sont privilégiées au décor (que l’on voit de toute manière dans tout les westerns), et c’est une initiative intéressante puisque l’on est plongé dans un premier temps au cœur de leur vie, et non pas dans un western classique où il suffit simplement de changer de décors jusqu’à arriver à un dénouement (même si bien évidemment c’est un genre codifié qui est respecté). La fraternité, dans tout les sens du terme, est le fil conducteur du récit. Les personnages sont tous différents les uns des autres, les frères ne se ressemblent en aucun cas mais on s’attache à eux malgré leur métier. Tout comme la question de la modernité qui joue un rôle majeur et novateur dans le genre, comme le concept de la brosse à dents qui est présenté, ou bien alors l’idéologie d’une société de paix développée par les deux autres personnages.
Le prix du réalisateur n’a pas été volé. Si l’écriture reste l’atout principal de Jacques Audiard, la réalisation n’en reste pas délicieuse où chaque instant pourrait être l’affiche du film. C’est surtout le travail sur la lumière qui domine le récit, avec un éclairement croissant lors de son ouverture afin de présenter les personnages petit à petit, en temps et en heure. Sa mise en scène reste créative et possède une poésie authentique, les scènes à cheval sont nombreuses et sont pourtant toujours saisissantes, notamment grâce à la bande-originale d’Alexandre Desplat qui livre une interprétation inhabituelle, loin d’un style Morricone, nous portant tout en intriguant.
“Les Frères Sisters” est un film viscéral, offrant à des hommes une parole, une pensée, et un attachement fraternel émouvant.
Les Frères Sisters de Jacques Audiard. Avec Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal, John Reilly, Riz Ahmed… 2h01
Sortie le 19 septembre
Le point fort a été de se détacher du schéma classique en privilégiant comme tu dis les rapports humains. Mais personnellement, je n’ai pas été aussi transportée, j’aurai bien vu un film un plus raccourci au niveau de la première partie.