Les États-Unis se sont déjà essayés à l’exercice de la jeune femme sourde muette pourchassée par un tueur sadique avec Pas un bruit en 2016. Cette année, c’est la Corée du Sud qui s’y colle avec Midnight Silence.
Kyung-mi est une jeune femme non-entendante travaillant dans un centre d’appels. Après un dîner avec des collaborateur·ices qui s’est plutôt mal passée, elle s’en va chercher sa mère en voiture. Alors qu’elle se gare, Do-sik débarque pour s’attaquer à sa mère, qui attend patiemment dans la rue, avant de changer de cible lorsqu’il repère une autre jeune femme rentrant toute seule chez elle à pied. Cette dernière, tentant d’appeler à l’aide, jette sa chaussure sur la chaussée. En la trouvant, Kyung-mi ne sait pas encore qu’elle va devenir la nouvelle cible d’un tueur bien décidé à la faire taire.

Tout l’enjeu du film est de savoir si Kyung-mi va réussir à échapper à son ravisseur tant ce dernier a plus d’un tour dans sa poche quand il s’agit de duper les gens aux alentours. Une situation insupportable pour Kyung-mi qui n’arrive pas à communiquer avec les autorités pour leur faire comprendre qu’il est derrière tout ça. Outre les ficelles scénaristiques qui sont assez faciles, le film se fait assez redondant, tant par les passages où Do-sik se fait interrompre lorsqu’il décide de mettre son plan en action, ou toute la dernière partie où le chasseur, la proie mais aussi le frère de la précédente victime se courent après et se croisent dans les rues escarpées de la ville.
Même si ces quelques points plombent un peu le film, on peut souligner une histoire qui réussit à nous tenir en haleine jusqu’à la dernière minute, jouant avec plaisir de la détresse de ses victimes mais surtout du sadisme de ce tueur en série incarné à la perfection par Wi Ha-Joon qui revêt deux visages diamétralement opposés. Face à lui, le charisme et la force de Ki-Joo Jin font bloc, dévoilant, derrière ce personnage discret, une véritable guerrière prête à tout pour sortir vivante de cette nuit interminable quitte à devenir aussi sadique que son ennemi.

Visuellement, le film se joue de son dédale de ruelles mais aussi de tout ce qui entoure Kyung-mi et qui l’aide dans l’appréhension des sons. Des lumières qui clignotent en passant par un petit appareil placé dans sa voiture qui vire au rouge dès que le bruit se rapproche, Oh-Seung Kwon joue avec tous ces petits détails pour distiller une ambiance de plus en plus pesante et angoissante, plongeant même de temps en temps le/la spectateur·ice dans une surdité totale comme son personnage principal.
Même s’il ne révolutionne pas le genre et souffre de quelques faiblesses scénaristiques, Midnight Silence est un premier essai concluant qui sait jouer de ses atouts ainsi que de sa caméra pour nous proposer une honnête chasse à la femme terriblement sadique et vicieuse.
Midnight Silence écrit et réalisé par Oh-Seung Kwon. Avec Wi Ha-Joon, Ki-Joo Jin, Park Hoon… 1h44
Sortie le 11 mai en VOD