Après son excellent Hérédité, Ari Aster est de retour avec une œuvre déroutante, un film d’horreur en plein soleil : Midsommar. Un groupe de jeunes amis décide de partir en voyage dans un petit village suédois isolé de tout. Ce qu’ils vont trouver là-bas va les changer à jamais.
Ari Aster veut jouer avec le seuil de dégoût de son public
Midsommar est une œuvre étonnante, une proposition de cinéma inédite et inattendue. Ari Aster offre une photographie absolument renversante pour imposer un esthétisme très impactant, surtout dans le domaine du genre horrifique. Il partage donc une photographie extrêmement léchée, et une ambiance lancinante inquiétante. L’idée est plutôt originale, faire un film d’horreur en plein jour, avec des ressorts horrifiques assez basiques d’une secte inquiétante. Mais Midsommar est finalement un film d’horreur relativement soft. Certains spectateurs se sont insurgés de la violence et du malaise proposés par le métrage. Si ce n’est quelques passages d’une rare violence, Midsommar est finalement relativement sage, et n’atteint pas la folie de certains films d’horreur. La peur n’est jamais terrifiante, les ressorts d’épouvante se reposant d’avantage sur une ambiance malsaine que sur des éléments horrifiques classiques. Le film d’Ari Aster se rapporte plus à un thriller démoniaque qu’à un véritable film d’horreur. Il n’y a aucun jump-scare, pas vraiment de gore, mais une tension permanente et perverse. Midsommar ne fait pas peur, mais rebute, est nocif par son impureté, par sa fétidité. Et c’est ce qui a dérangé une partie du public.

C’est finalement assez compréhensible, car Ari Aster tombe parfois dans la provocation gratuite, présentant de la pornographie assumée et de la violence non censurée, sans pour autant servir constamment une histoire véritablement novatrice et intéressante. Le coup de la secte, de la société alternative n’est pas forcément novateur, et demeure un concept qui n’est pas magnifié dans Midsommar. Ari Aster se perd parfois dans une histoire qui ne sait plus dans quelle direction se diriger, s’enfermant dans une intrigue qui l’entraîne irrémédiablement vers une conclusion classique et plutôt attendue, très en-dessous de la mise en place crescendo.
Mais Midsommar est un métrage dont il faut souligner le courage. L’honneur de proposer un cinéma inédit, différent du tout venant des productions horrifiques habituelles. Même si le film n’est pas parfait, parfois même superficiel, telle une bonne branlette intellectuelle, il demeure une expression de cinéma indépendante qu’il faut soutenir. Qu’on adhère ou non, Midsommar est un long métrage qui sort des sentiers battus, qui offre des instants de cinéma d’anthologie à l’image de la séquence d’ouverture incroyablement maîtrisée.
Mais finalement Midsommar n’est pas la claque promise. Ari Aster se perd dans un propos interminable et relativement vide d’intérêt sur une communauté alternative. Les ressorts horrifiques demeurent assez sages. Et on est incontestablement bien loin de la profondeur et de la terreur de Hérédité.
Midsommar de Ari Aster. Avec Florence Pugh, Jack Reynor, Will Poulter… 2h27
Sortie le 31 juillet
[…] en se servant du folklore tunisien pour étoffer son propos à la manière d’un Ari Aster dans Midsommar, pour une plongée horrifique et psychologique totalement et résolument […]