Le combo maladie + film pour adolescents n’est jamais ce qu’il y a de plus rassurant. On a notamment en tête des films comme Nos étoiles contraires, À deux mètres de toi ou encore Everything Everything qui à eux trois remplissent aisément la Philharmonie de Paris. Puis de temps en temps il y a des petites surprises qui débarquent de nulle part et qui réussissent à déjouer tous les écueils.
Milla est une adolescente de 15 ans pas comme les autres, qui va bientôt mourir. Elle le sait, ses parents le savent et malgré tout elle essaie de poursuivre une adolescence normale entre cours, ami·es, bal de fin d’année et amoureux… Sauf que c’est cette partie-là qui va causer quelques ennuis à Milla et sa famille quand elle tombe amoureuse d’un petit voyou qui n’a rien du prince charmant.
Là où le film surprend en premier lieu c’est que ce bad boy est loin d’être le personnage le plus dysfonctionnel de cette histoire. Parce que Milla a ce qu’on pourrait appeler des parents plutôt… spéciaux. Sa mère est shootée au Xanax, ce même Xanax prescrit par le père de Milla, thérapeute. La drôle d’impression d’assister à une dynamique patiente/thérapeute qu’à celle d’un couple. Sans compter sur le père qui, de temps en temps, se shoote également à la morphine. Un équilibre déjà précaire, mais encore plus fragilisé par l’arrivée du mystérieux Moses. Ses tatouages, sa coupe mulet totalement démodée et sa dégaine séduisent immédiatement Milla qui vit là sa première histoire d’amour. Il est certain que ses parents auraient préféré meilleur parti pour leur fille mais qui sont-ils pour lui refuser ces derniers instants ?

Malgré le ton éminemment dramatique, on rigole. On rigole de cette drôle de famille qui, malgré tous ses dysfonctionnements, s’aime et est prête à tout pour aider Milla. On sourit face à ces moments d’accalmie, lors d’une virée à la plage ou d’un anniversaire brusquement interrompu par une des invitées qui perd soudainement les eaux. Mais la route de Milla est pleine d’embûches à seulement 15 ans. Comment gérer de plein front une relation amoureuse chaotique, des parents inquiets et surtout un couperet prêt à tomber à tout moment ? Cette relation fugace, presque interdite avec un garçon un peu trop porté sur la drogue, donne à Milla une raison de vivre, de repousser ses limites. L’ado de 15 ans se lance alors à corps perdu dans cette relation qui finit par lui faire du bien, au grand dam de ses parents qui sont obligés de se résoudre à l’idée de l’accepter dans la famille.
Shannon Murphy évite tout misérabilisme inhérent au genre en proposant un récit qui prend des routes différentes. Cassures, ruptures et retrouvailles viennent ponctuer la vie de Milla, empêchant le/la spectateur·ice d’anticiper quoi que ce soit. À l’image, toute la positivité ressort dans les couleurs chatoyantes et réconfortantes de la photographie ou dans les différentes perruques qui passent du blond au bleu en un clin d’oeil. Eliza Scanlen incarne à la perfection Milla avec un jeu tout en subtilité et en douceur. Elle est magnifiquement accompagnée par Toby Wallace, autre révélation du film, reparti avec le prix Marcello Mastroianni à la Mostra de Venise 2019.
Véritable surprise un peu passée inaperçue lors de sa sortie, Milla trouve le bon ton entre feel-good movie et drame traitant de la maladie et la mort. Un premier film surprenant et solaire qui nous laisse évidemment la larme à l’œil mais surtout le sourire aux lèvres.
Milla de Shannon Murphy. Écrit par Rita Kalnejais. Avec Eliza Scanlen, Toby Wallace, Essie Davis… 1h58
Sortie le 28 juillet 2021