Dans les horizons cinématographiques lisses, où chaque film à gros budget se ressemble, où les comédies ont perdu leurs tripes, où les choix s’estompent tellement que bientôt on nous demandera uniquement si on veut du « Disney ou Netflix » dans notre tarte aux poils, on se dit qu’on a mal au cinéma. Mais ça c’est parce qu’on fouille pas assez, les enfants ! Le cinéma de genre, véritable vétéran garant de la tentative artistique à tout prix, lui, se porte très bien, et il suffit de venir au PIFFF tous les ans pour s’en rendre compte !
On a parlé dans diverses chroniques des films ayant été diffusés en cette édition, le PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival) prend le pas de ces événements hors-normes (Absurde Séance, Étrange Festival, BIFFF pour nos amis belges), pour une semaine où on accepte de laisser de côté nos tolérances, mais pas nos cervelles tant le film de genre recelle de merveilles de réflexion sur notre monde. On l’aura vu avec le film d’ouverture, Color Out Of Space, où en adaptant Lovecraft, Richard Stanley se pose des questions sur ce qui nous entoure, les questions actuelles comme l’écologie, l’ostracisation et la peur du différent.

Qui dit festival dit forcément compétition, et comme à leur habitude, Cyril et Fausto se sont enquillés des centaines de métrages pour nous offrir une sélection digne de ce nom. Si tout ne nous convainc pas – on pense notamment à The Hole In The Ground, bien trop sage -, d’autres sont de véritables plaisirs qu’il aurait été difficile de découvrir ailleurs qu’au PIFFF. The Mortuary Collection et son découpage en sketches qui nous ravit, ou encore Why Don’t You Just Die, petite folie venue tout droit de Russie que l’on a adoré et qui a raflé les précieux prix. Dans une catégorie plus « calme », I See You nous ramène vers le thriller, et nous montre que le genre n’a pas encore perdu de sa superbe et qu’il suffit de bon·nes auteur·ices pour le réveiller encore.

Évidemment, la section classique est également au rendez-vous. Asie à l’honneur, on retrouve The Bride With White Hair de Ronnie Yu, qui lui a valu son entrée aux États-Unis (pour La Fiancée de Chucky et Freddy Vs Jason, on ne sait pas s’il a été gagnant dans l’histoire, mais au moins on connaît son nom!) ou l’immense Battle Royale, toujours un bonheur à redécouvrir sur grand écran. Mais le clou reste ses séances venues de nulle part, qui à l’instar du film d’ouverture ne verront aucune sortie dans l’hexagone par leur caractère trop étrange ou tout simplement par leur provenance. La séance de minuit Kazakhsto-Bulgare Bullets Of Justice en témoigne, mais surtout la bombe venue d’Inde Jallikattu, qui nous marque encore la rétine. Le film de clôture Dogs Don’t Wear Pants, relatant l’histoire d’amour entre un veuf perdu et une Domina, en dit long sur l’esprit du festival, hors des conventions.

Comme pour le festival coréen, c’est l’équipe de Certains L’aiment À Chaud qui est allée sur place couvrir le festival, et leur podcast est sorti ce samedi, relatant en détails un bon nombre des films présentés. L’occasion d’avoir un tour d’horizon sur leur ressenti à la sortie de chaque séance, et d’avoir des avis sur les films n’ayant pas été proposés en chronique ici. C’est ici que ça se passe, bonne écoute ! Pour notre part, on attend l’édition 2020 avec impatience !