Le réalisateur américain Jim Jarmush est de retour avec son dernier film : The Dead Don’t Die. Une relecture du mythe du zombie portée par un casting quatre étoiles : Bill Murray, Tilda Swinton, Adam Driver, Chloë Sevigny, Steve Buscemi, Danny Glover, Caleb Landry Jones, Iggy Pop, Selena Gomez et RZA. Présenté en ouverture du Festival de Cannes, et en compétition pour la Palme, The Dead Don’t Die a reçu un accueil plutôt froid. Critique.
Un hommage habile aux films de zombies de l’époque de Romero
Après avoir modernisé les vampires avec Only lovers Left Alive, Jim Jarmsuh se lance dans les zombies. Avec son style si caractérisé, lancinant et hypnotique, le cinéaste revient sur une époque révolue. Il rend hommage à la filmographie de George A. Romero, en se concentrant sur des zombies qui marchent et qui sortent de terre, de véritables morts vivants. Exit les zombies issus d’un virus, cette fois Jarmsuh retourne vers les vieilles légendes folkloriques. Évidemment il se concentre sur les clichés du genre, qu’il applique consciencieusement : la petite ville isolée, un police locale dépassée par les événements, et une pléiade de personnages secondaires. Jarmsuh remplit le cahier des charges sans pour autant innover.
Parce que finalement, à part appliquer bêtement une formule qui fonctionnait il y a plus de cinquante ans, Jarmush ne fait pas grand chose d’autre. Il n’invente pas, ne fait pas évoluer ce style, ne renouvelle pas les clichés du genre. Il raconte une histoire de zombies à sa sauce en appuyant sur la dimension d’hommage. Donc finalement, The Dead Don’t Die n’apporte pas grand chose, et n’est pas forcément d’une utilité à toute épreuve. Et quant à la critique sociale, celle de la société de consommation si importante aux yeux de Romero, elle n’est pas forcément très bien traitée. On regrette que Jarmush n’ait pas davantage développé son idée originale du zombie qui retourne vers ce qu’il savait faire encore vivant. Le zombie attiré par le café, le vin ou les produits cosmétiques est une idée brillante, à peine abordée. C’est bien dommage, parce qu’à cause de ce manque de créativité, la voix off finale qui vient condamner une société de sur-consommation, apparaît maladroitement, et son message devient moralisateur. En somme, The Dead Do’t Die est un film relativement divertissant, qui existe grâce à son casting de dingue, vite vu, vite oublié.
Un style pourtant passionnant
Pour autant, le style de Jarmush fait mouche. Via son approche lancinante il crée un cinéma extrêmement personnel. The Dead Don’t Die est un film au flegme impressionnant. Les personnages humains sont eux même des zombies sans vie, à peine dérangés par l’apocalypse. Le long métrage de Jarmush est constamment dans la retenue, dans l’antithèse de la démonstration, dans une volonté de tout minimiser, de rendre l’univers tout entier blasé. Et cela fonctionne à la perfection surtout lorsque Bill Murray, le roi de la flegme, est à l’écran. Les dialogues, qui appuient sur le comique de répétition, sont souvent de petites pépites discrètes et délicieuses. Les personnages sont eux aussi relativement intéressants, Tilda Swinton en tête, telle un spectre errant et mystérieux.
Le style grotesque, absurde et je m’en foutiste est totalement assumé et donne sa saveur si particulière à The Dead Don’t Die. Jarmush s’amuse, détourne le genre, tout en lui rendant hommage, jusqu’à briser le quatrième mur à plusieurs reprises. Il n’empêche que le long métrage manque parfois d’inventivité, et demeure étonnement sage, à tel point que, parfois, on s’ennuie gentiment.
Sympathique, parfois drôle, souvent légèrement ennuyeux, le dernier Jarmush fonctionne pour son style particulier et son casting incroyable.