L’annonce d’un remake de The Guilty à la sauce américaine était loin de convaincre les cinéphiles qui portent haut dans leur cœur la version danoise de 2018. Il faut dire que la bande-annonce laisse présager une pâle copie de l’original, la tête de Jake Gyllenhaal à la place. Mais avec le réalisateur du premier Equalizer et du remake des Sept Mercenaires ainsi que le scénariste de True Detective à la barque, on pouvait espérer un petit miracle… qui n’arrive malheureusement pas.
Ne cherchez pas midi à quatorze heures, le récit de The Guilty made in USA est exactement le même que son original : Joe Baylor passe la nuit dans un centre d’appel d’urgences à répondre aux appels à l’aide des habitant·e·s de Los Angeles. Être là l’ennuie profondément jusqu’au moment où il reçoit le mystérieux appel d’Emily, une jeune femme qui avoue à demi-mots avoir été kidnappée. Commence alors une véritable course contre la montre pour sauver Emily et ses deux enfants en bas âge restés tout seuls à la maison.
Même si tout le scénario est calqué sur l’original, le scénariste Nic Pizzolatto prend quand même le temps d’ancrer son récit dans un contexte plus américain que la version danoise. En face de Joe, des feux de forêts intenses sont en train d’attaquer les forêts entourant Los Angeles. La tension est à son comble, les patrouilles de police, les pompiers et les urgences sont réquisitionnées pour gérer la catastrophe ce qui laisse très peu d’effectifs disponibles. Mais au-delà de cette maigre recontextualisation, si les noms sont différents, les situations sont exactement les mêmes. On sait quel est l’appel qui va tout chambouler, ce qui arrive à Emily et les plot twists qui s’en suivent. Le/la spectateur·ice se trouve dans une position assez inconfortable entre l’ennui profond que dégage le long-métrage car il connaît tous ses rouages et le fait que, malgré tout, le film est bon mais seulement parce que son original est excellent. Le travail du hors-champ, la partition de Riley Keough absolument impeccable (et dans un exercice d’autant plus difficile), la tension que le long-métrage arrive à instaurer… il y a d’excellents éléments mais qui nous ramène encore et toujours à la version danoise.

La seule chose que l’on pourrait tirer de The Guilty c’est bel et bien Jake Gyllenhaal qui reprend un peu quelques couleurs après être venu faire coucou dans Spider-Man : Far from home (toujours l’un des rôles les plus inutiles de l’acteur mais l’appel de l’argent est plus fort parfois, surtout chez Marvel). Un rôle de composition où il donne de sa personne et réussit à tenir le long-métrage sur ses épaules grâce à ses expressions et la détresse qui se lit constamment sur son visage. Et comme si le bonhomme n’avait pas déjà assez de misères lors de cette nuit particulière, on décide de lui rajouter un mariage qui tourne au vinaigre et une sombre affaire qui lui colle au cul si bien qu’une journaliste le harcèle au téléphone plusieurs fois dans la soirée. Ah oui, et il est asthmatique aussi. Après tout on est plus à un poids près. Ce trop plein d’éléments vient déséquilibrer la balance et nous ramène aux sombres heures où le cinéma américain aime bien faire pleurer dans les chaumières.
À ce jour on ne comprend toujours pas l’utilité de ce remake qui n’apporte rien et ne fait que copier son prédécesseur, malgré un Jake Gyllenhaal investi. Tout ce qu’on peut désormais espérer c’est que le probable succès du film sur Netflix offre une nouvelle visibilité au long-métrage danois qui lui, vaut vraiment le coup d’oeil.
The Guilty de Antoine Fuqua. Avec Jake Gyllenhaal, Christina Vidal, Eli Goree…1h30
Sortie le 1er octobre sur Netflix