En 2015, Uberto Pasolini nous a chamboulé·e avec Une belle fin à travers le parcours d’un Eddie Marsan à la recherche des membres de la famille d’une personne récemment décédée. Un film lumineux malgré le sujet grave et qui amorce déjà des thématiques que l’on retrouve dans son nouveau long-métrage, Un endroit comme un autre.
C’est une démarche très particulière qu’entreprend John. Alors qu’il se sait mourant, il est à la recherche de la famille d’adoption parfaite pour son fils Michael. Une quête qui ne s’avère pas si simple entre John qui doit accepter sa mort prochaine, faire comprendre à son fils qu’il ne sera bientôt plus de ce monde et trouver la famille idéale qui saura élever son fils.
Malgré le sujet au haut potentiel tire-larmes, le réalisateur applique la même recette qui fait la réussite de son précédent film. Il installe son histoire en nous plongeant dans le quotidien du père et de son fils. Il est laveur de carreaux, emmène le petit à l’école, fait les courses avec lui et va régulièrement au parc pour manger des glaces. Ce quotidien tout à fait banal est ponctué de visites chez des “ami·es” comme l’explique John à Michael mais ont un but tout autre, rencontrer des familles d’accueil pour que Michael puisse vivre dans un environnement épanoui avec des parents aimants. Comment décider quelle famille serait la meilleure pour élever ce fils qu’il aime tant ? Comment accepter le fait qu’il ne le verra pas grandir ? Pasolini développe sous un autre angle sa thématique de la mort, déjà bien entamée dans Une belle fin, où cette fois l’équation inclut un enfant. Michael est loin d’être bête, et malgré ses trois ans comprend très vite que quelque chose cloche avec son père.

Uberto Pasolini prend le parti de déconstruire toutes les attentes de John quant aux futurs parents de Michael. Alors que le film commence sur des idées très normées quant à la notion de parents (un père et une mère) qui pourrait faire sombrer le film dans quelque chose de très convenu à l’heure où on essaie de faire bouger les lignes, le film déploie une palette de personnes permettant de balayer tout doute allant même jusqu’à conclure son film sur un choix de famille d’accueil finalement logique et touchant. Sans forcément entrer dans l’aspect politique de l’adoption, le film pointe du doigt des dysfonctionnements notamment venant de celleux choisit comme famille d’accueil qui, au fur et à mesure de leur discours, nous font bien comprendre que ces personnes là ne seraient jamais aptes à accueillir un enfant.
Le film ne serait rien sans James Norton, figure paternelle à la fois forte et en même temps fragilisée par la maladie mais constamment portée par l’amour qu’il porte à son fils et son envie de lui offrir le meilleur futur possible. Ce fils interprété par Daniel Lamont est quant à lui un véritable petit soleil qui illumine le film de la première à la dernière seconde. Une alchimie qui fait mouche dès les premières secondes et qui nous cueillent plus d’une fois sans qu’il n’y ait besoin d’avoir recours à un quelconque artifice dramatique.
Avec Un endroit comme un autre, Ubert Pasolini continue son analyse de la mort et des liens familiaux sous un nouveau prisme et avec toujours autant de maestria. En restant constamment dans la retenue, réussissant même à nous faire rire par moment, le réalisateur nous offre une oeuvre toute en délicatesse et en sobriété.
Un endroit comme un autre écrit et réalisé par Uberto Pasolini. Avec James Norton, Daniel Lamont, Eileen O’Higgins… 1h36
Sorti le 8 décembre 2021