Il était loin de faire l’unanimité chez nos confrères américains, force est de constater que “Venom” subira également le même sort de par chez nous. Car même si les droits du tisseur de toile appartiennent désormais à Marvel/Disney, Sony sort de sa besace l’un des ennemis de Spider-Man déjà aperçu dans le “Spider-Man 3” de Sam Raimi aka Venom/Eddie Brock. Et parce que Sony est une jolie machine à business qui compte bien amasser du billets verts, bye bye le Rated R espéré par certains – il faut dire que le personnage avait le potentiel pour – et bonjour le PG-13 – tout public chez nous -. Loin d’être une grande surprise, le “Venom” de Ruben Fleischer (“Bienvenue à Zombieland”, “Gangster Squad”) n’est pas un “désastre” (même s’il s’en rapproche dangereusement) mais est bien trop aseptisé pour être efficace.
Journaliste d’investigation prêt à titiller les plus grands dirigeants et responsables pour mettre à jour leurs magouilles, Eddie Brock se frotte d’un peu trop près à Carlton Drake à la tête de Life Foundation qui, derrière ses recherches scientifiques, entame une grande opération de nettoyage à l’aide d’entités extraterrestres surnommées “symbiotes” qui ont besoin d’un hôte humain pour survivre. Suite à un malencontreux accident, Eddy Brock fusionne avec une de ces entités pour devenir Venom.
Dans sa première partie, le film tente vainement de créer une origin story qui n’est finalement que vaguement évoqué sans s’intéresser véritablement à Eddy Brock ni même à l’antagoniste de l’histoire aka le méchant docteur Carlton Drake qui – comme 90% des méchants aujourd’hui – veut sauver le monde en détruisant les ¾ de sa population pour éviter ainsi la surpopulation et la disparition des ressources que Mère Nature nous a si gentiment offert. Sa seconde partie, faisant désormais cohabiter Eddy et Venom, vire de temps à autre au buddy movie qui s’avère plutôt efficace. Tom Hardy prend du plaisir à jouer ce double-personnage et ça se voit. C’est pas toujours parfait mais la carrure du bonhomme colle parfaitement au personnage. Ce qui est du côté de Riz Ahmed c’est une autre histoire – enfin du côté de tous les seconds couteaux à vrai dire – qui semble chercher ses répliques et dont le personnage n’a absolument aucune substance à part le fait d’avoir l’étiquette “Méchant” collée sur le front.
Si le scénario a été coupé à la hache absolument pas affutée, il en est de même avec la réalisation et le montage qui sont au-delà du catastrophique notamment lorsque le film tape un peu dans l’action. On se retrouve alors avec une course-poursuite en voiture (qui rappelle étrangement celle de “Black Panther”, la réalisation en moins) complètement illisible tout comme 99% des scènes d’action du film alors que le personnage de Venom et toute sa dimension “monstrueuse” tente d’exploser à l’écran sans grand succès malheureusement puisque, le jeune public étant visé, hors de question de mettre ne serait-ce qu’une goutte de sang (alors que Venom arrache sans vergogne à coups de canines acérées la tête de ses ennemis).
Lors d’une récente interview qui a largement fait les gros titres à quelques jours de la sortie du film, Tom Hardy affirmait que des scènes qu’il affectionnait tout particulièrement ont été coupé du film (pour rappel le film a été coupé de 40 minutes). Et lorsqu’on voit le résultat à l’écran, ces 40 minutes sont quasiment flagrantes et aurait – possiblement – permis au film d’être un brin mieux développé. Reste à espérer qu’une version longue du film sera disponible en DVD (et honnêtement on croise fortement les doigts).
Et comble du comble, la seconde scène post-générique (qui n’a pour le coup aucun rapport “direct” avec le film) qui dure approximativement cinq minutes se révèlent bien plus intéressante, bourrée d’action et drôle que tout le film. Outch.
Malgré deux trois moments sympathiques, un personnage aussi complexe que finalement attachant et une véritable envie de bien faire de Tom Hardy, “Venom” s’enfonce dans les bas-fonds des blockbusters réalisés à la truelle seulement venus pour engranger de l’argent – et vu son 1er jour d’exploitation à 32,8M de dollars Sony fait banco – quitte à y délaisser tout ce qui faisait le charme d’un des meilleurs ennemis de Spider-Man.
Venom de Ruben Fleischer. Alec Tom Hardy, Riz Ahmed, Michelle Williams… 1H52
Sortie le 10 octobre