Wendy : Jamais perdus, juste égarés

On n’y croyait plus. Après une présentation en avant-première au dernier Festival de Deauville, une première date de sortie en fin d’année, la fermeture des cinémas puis aucune nouvelle date à l’horizon, nous y voilà. C’est ce 23 juin que sort le nouveau film de Benh Zeitlin, neuf ans après Les bêtes du sud sauvage. Un film qui sent encore bon l’enfance et la liberté.

Élevée par sa mère célibataire, la jeune Wendy est une enfant qui vit au jour le jour dans le petit bar à côté de la voie ferrée. Son quotidien morne est un jour totalement bousculé par l’arrivée d’un train un peu spécial. Elle et ses deux frères Douglas et James décident d’embarquer pour un voyage vers l’inconnu…

Et si on racontait l’histoire de Peter Pan du point de vue de Wendy ? Une enfant des temps modernes qui vit avec sa mère et ses deux frères dans un diner en piteux état mais toujours rempli d’habitant.e.s du coin. Le soir, elle aime se raconter des histoires et s’imaginer un autre monde jusqu’au jour où un train l’y emmène réellement. Là-bas vit le jeune Peter, un bout-en-train surprenant et espiègle qui règne sur une île où les enfants ne vieillissent pas… sauf celleux qui ont arrêté d’y croire. Un endroit où tout semble possible et où Wendy découvre le véritable sens du mot « grandir » alors qu’un de ses frères se met à vieillir subitement.

Tous les éléments qui faisaient le charme de Les bêtes du sud sauvage sont de retour dans Wendy. Une immersion dans un décor féerique, totalement hors du temps sur une île où tout semble possible et où les paysages s’entrechoquent. Un casting composé en majorité d’enfants où brillent Devin France et Yashua Mack en leaders attachants. C’est là que réside la force du film, dans un casting impliqué et libre qui dégage une forme d’authenticité qui se fait rare au cinéma (qui provient probablement du fait que la préparation du film s’est faite sur sept ans). Benh Zeitlin reforme son duo avec Dan Romer (qui vient de signer récemment la BO de Luca) pour nous offrir une bande-son enivrante qui appelle l’aventure et la liberté.

Le réalisateur pose une question primordiale avec Wendy : devenir adulte demande-t-il de renoncer à sa liberté ? Une question qui a longtemps taraudé Benh Zeitlin et sa soeur et à laquelle ils essaient de répondre à travers le personnage de Wendy. Elle qui arrive sur l’île en faisant tout son possible pour rester une enfant et aider les personnes âgées à redevenir des enfants, elle comprend au fur et à mesure que c’est une question bien plus ambigüe que ça. Certaines personnes renoncent à leurs rêves en grandissant mais d’autres comprennent que grandir est aussi une aventure. Une aventure plus épuisante mais tout aussi folle. Avec ses hauts et ses bas mais qui mérite d’être vécue pleinement. Le réalisateur manie son propos avec intelligence et douceur grâce à la petite voix de Devin France qui vient nous narrer l’histoire de temps à autre, comme cette petite voix qui vient nous raconter des histoires fabuleuses avant de nous endormir.

Wendy, c’est un conte, une histoire d’enfants qu’iels soient grand.e.s ou petit.e.s. Dans un écrin de velours soigné, Benh Zeitlin réitère les merveilles qu’il a pu faire avec son premier long-métrage.

Wendy de Benh Zeitlin. Avec Devin France, Yashua Mack, Gage Naquin… 1h52
Sortie le 23 juin

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